Le décret de juillet 2006 sur le «socle commun» à maîtriser à la fin de la scolarité obligatoire précise – quant aux «compétences sociales et civiques» – qu’«il s’agit aussi de développer le sentiment d’appartenance à son pays, à l’Union européenne».
A la suite du traité de Maastricht, la Commission ( européenne ) a recommandé de privilégier les initiatives qui " contribuent à renforcer le sentiment d’appartenance à l’Union européenne " ( juin 1994 ).
Mais comment cultiver ce sentiment d’appartenance à l’Union européenne, et sur quel fondement ( culturel voire spirituel ) unitaire l’assurer ?Certains, et non des moindres, ont pensé immédiatement à une " fondation commune " : le christianisme. C’est ainsi qu’en mai 1995, l’archevêque de Paris –Jean-Marie Lustiger – plaide en l’église Maria Regina Martyrum de Berlin pour l’œcuménisme chrétien, un " roc pour fonder la maison Europe ".
Il ne s’agit pas seulement d’appartenance ou de fondement, mais – signe distinctif – d’ " identité " ( européenne et chrétienne ) : " L’accueil de la Révélation, la Bible et l’Evangile ont formé le socle sur lequel a pu se construire l’identité européenne. Mais le socle s’est fragmenté lorsque chacune des cultures des nations que rassemble l’histoire européenne a voulu s’approprier et monopoliser l’identité chrétienne […]. L’histoire fait aux chrétiens le devoir d’assurer par leur foi et leur unité le socle sur lequel la maison européenne doit être bâtie. Une Europe pluraliste qui n’a jamais cessé d’abriter un très grand nombre de cultures et d’expériences humaines, mais qui a reçu de la tradition biblique et chrétienne son principe d’unité. Il en résulte que l’unité des chrétiens est la condition de la construction de l’Europe […] Il nous faudra annoncer avec audace et courage le salut à tous ceux qui ont été repoussés par notre siècle dans ‘’l’ombre de la mort’’ des nouveaux paganismes […]. Nous pourrons alors, nous, Européens, entrer avec espérance dans le troisième millénaire de notre histoire commune ".
Nous n’en sommes pas ( encore ) là. Mais qui sait ? Toujours est-il que si le décret de 2006 promeut pour l’école primaire un enseignement de " l’histoire nationale et européenne ", et des " grandes caractéristiques géographiques de l’Union européenne ", les nouveaux programmes de 2008 pour l’enseignement primaire sont foncièrement discrets sur l’Europe et ( signe des temps ? ) sont essentiellement centrés sur la France, le national. Il s’agit en effet, est-il dit, d’enseigner une histoire " nationale " et une géographie qui traite " en premier lieu de sujets à l’échelle locale et nationale ", même s’il s’agit de " connaître les caractéristiques de la géographie de la France dans un cadre européen et mondial "