L’attention a d’abord été portée sur le journaliste, puis sur la jeune collégienne Zoé (et – fugitivement – sur des élèves de lycée professionnel ) ; enfin ( parfois ) sur des enfants ‘’ reconduits’’. Et cela ne correspond pas du tout à la chronologie des ‘’évènements’’.
17 novembre : descente de gendarmes avec chiens renifleurs dans des classes de l’Ecole des Métiers du Gers, à Auch. 19 novembre : irruption de gendarmes et d’un chien renifleur au collège de Marciac ( Gers ) dans la classe de 4° de Zoé ( 14 ans ) qui – selon son récit détaillé mis en ligne - est conduite auprès d’une femme qui " fouille alors dans mon soutif et cherche en passant ses mains sur ma culotte ; les gendarmes n’exprimèrent aucune surprise face à ce geste, mais ce ne fut pas mon cas ". 24 novembre : la famille kosovare Kurtishi est renvoyée en Allemagne. Les parents ont été convoqués le lundi 24 novembre à la préfecture. De là ils sont venus à l’école, escortés par la police. Le père a récupéré le grand en primaire et la mère est allée chercher les deux petits en maternelle. Des parents d’élèves réunis dans un Collectif du Jardin de Ville ( du nom du groupe scolaire concerné, de la ville de Grenoble ) ont tenu à " exprimer [ leur ] profonde indignation face à la présence des policiers dans l’enceinte de l’école et face au départ contraint de trois enfants pendant la classe ". Enfin, le 28 novembre, interpellation pour le moins surprenante et humiliante du journaliste Vittorio de Fillipis.
C’est cette dernière affaire qui va avant tout occuper le devant de la scène médiatique, dès le 29 novembre.
" Les conditions insensées d’arrestation et l’humiliation subies par Vittorio de Fillipis, ancien dirigeant de Libération, sont-elles le salutaire déclencheur, après des semaines de silence, sur d’autres faits cruels ici rapportés mais souvent minorés de la vague d’indignation qui secoue désormais une partie de la presse concernant des procédés policiers et judiciaires éminemment condamnables ? " s’interroge Velveth dans son billet du 2 décembre.
Toujours est-il que la ‘’grande presse’’ ( en dehors de l’interpellation du journaliste ) n’a fait état jusque ici - et tardivement - que de l’intervention des gendarmes au collège de Marciac suivie de l’humiliation subie par Zoé. L’intervention similaire ( et antérieure ) auprès des élèves du lycée professionnel d’Auch a été quasiment passée sous silence. Idem pour ce qui concerne les enfants ‘’reconduits’’.
Sur Mediapart ( et pardon si j’ai oublié certaines séquences ), c’est aussi l’interpellation de Vittorio de Fillipis qui apparaît en premier et en pleine lumière.
Le 27 novembre, Velveth fait état de l’intervention des gendarmes à l’Ecole des Métiers d’Auch ( ‘’Miasmes d’Ordre Nouveau’’ ).
Le 1° décembre, je fais également état de cette intervention, ainsi que de l’affaire des enfants reconduits, celle du groupe scolaire du Jardin de Ville à Grenoble ( " Intrusions policières à l’Ecole " ). Il y a lieu de remarquer que, très vite, certains des commentateurs de ce billet signalent – à juste titre - l’affaire du collège de Marciac et le récit de Zoé ; et la tendance est à se focaliser moins sur les enfants recherchés à l’école et ‘’reconduits’’, que sur les deux autres affaires, surtout celle de Zoé .
Le 2 décembre, Claude-Marie Vadrot nous donne à lire, en particulier, l’intégralité du texte de Zoé ( ‘’Une nouvelle culture, celle de la police’’ ).
Le 3 décembre, en première page du Journal, Erich Incyan fait paraître un article intitulé " Dérapages policiers, ces ‘’choses qui arrivent’’ ", où il cite l’interpellation du journaliste Vittorio de Fillipis et l’intervention des gendarmes dans le collège de Marciac.
Le 4 décembre, Maguy Day consacre tout un billet aux enfants ‘’reconduits’’ ( " L’offense faite à l’enfance " ).
Un peu après, ce même jour 4 décembre, et en pleine première page du Journal, Carine Fouteau, fait paraître un article très circonstancié intitulé : " La police prend les enfants à l’école ".
Le 4 décembre également, Dominique Wittorski fait paraître un billet en quelque sorte de récapitulation : " Justice et Sécurité : Petit Etat de la France sur Mediapart " ) , et il me donne l’idée d’écrire ce billet. Qu’il en soit remercié, parce qu’il me semble que l’ordre d’apparition des différentes affaires et l’importance qui leur a été donnée ( ressemblances et différences entre la ‘’grande presse'' et Mediapart ) sont dignes d’attention et de réflexion ( et concerne chacun d’entre nous ).