En plein engouement pour les Jeux Olympiques, et dans la perspective d’une « refondation de l’Ecole », c’est sans aucun doute le moment d’y penser.
Si l’on apprécie sa place symbolique à partir de l’ordre d’apparition des « agrégations » ( qui signent la reconnaissance pleine et entière de chaque corps disciplinaire de l’enseignement secondaire, son ‘’agrégation’’ ), l’EPS n’est pas bien placée dans le domaine scolaire, elle est même bonne dernière.
Les dates de création des agrégations scandent en effet la longue marche des disciplines vers la reconnaissance et donnent à voir la hiérarchie – historique – des disciplines scolaires.
En 1766 sont créées les agrégations de lettres et grammaire ( gréco-latines ) ; en 1821, celle de ‘’sciences’’ ( toutes catégories confondues, avec les mathématiques ). Suivent celle de philosophie en 1825 puis d’histoire en 1831. En 1849, apparitions d’agrégations de langues vivantes, allemand et anglais. L’agrégation de sciences se dédouble en agrégation de mathématiques et agrégation de sciences en 1841 ( qui se scinde elle-même en agrégation de sciences physiques et agrégation de sciences naturelles en 1885 ). Suivent celles d’espagnol et d’italien en 1900, d’arabe en 1907, de russe en 1947. Il faut attendre 1960 pour que soit décidée une agrégation de lettres modernes. En 1962, création d’une agrégation de techniques économiques et de gestion ( transformée en 1980 en économie et gestion ). Suivent celles de mécanique en 1968 ; de génie civil, de génie électrique, de génie mécanique en 1975. L’agrégation d’éducation musicale apparaît en 1974, celle d’arts plastiques en 1975. En 1977 est créée une agrégation de sciences sociales. Sans compter la création de quelques autres agrégations de langues vivantes, dont le portugais dès 1973, l’hébreu moderne en 1977, le polonais en 1978.
L’éducation physique et sportive ferme la marche de la reconnaissance des excellences disciplinaires en 1982…
Dans le rapport de la commission ‘’Thélot’’ en 2004 et lors de la loi d’orientation dite ‘’Fillon’’ du 23 avril 2005, l’EPS ne fait pas partie du ‘’noyau dur’’ de ce qui doit visiblement être maîtrisé dans le cadre de la scolarité obligatoire ( à l’exception de la ‘’natation’’ ). La corporation de la discipline ( fortement organisée et représentée syndicalement de façon singulière compte tenu des aléas de son histoire et de ses appartenances ministérielles multiples historiquement ) se démène alors beaucoup pour que soit ajouté un « huitième pilier » ( aux sept autres ‘’piliers’’ ou ‘’grandes compétences’’ qui constituent « le socle commun de connaissances et de compétences » dans le décret d’application du 11 juillet 2006 ).
En vain jusqu’alors. Mais on peut sans doute penser que les réflexions originales et les travaux menés à cette occasion ( et parfois bien avant ) pourront déboucher de façon positive lors de la « refondation de l’Ecole républicaine » envisagée et de la ‘’réécriture’’ d’un « socle commun de connaissances et de compétences » ‘’repensé’’.
En étant fortement éloignées des conceptions qui ont prévalu lors de la fondation de l’Ecole républicaine ( ‘’refondation’’ ne signifiant nullement ‘’restauration’’…).Les programmes détaillés d’éducation physique signés par Jules ferry indiquent en effet que « l’éducation physique a un double but : d’une part fortifier le corps, affermir le tempérament de l’enfant, le placer dans les conditions hygiéniques les plus favorables ; d’autre part lui donner de bonne heure ces qualités d’adresse et d’agilité […], particulièrement nécessaires aux élèves des écoles primaires, destinés pour la plupart à des professions manuelles ». En vertu de quoi, « sans perdre son caractère essentiel d’établissement d’éducation et sans se changer en atelier, l’école primaire peut et doit faire aux exercices du corps une part suffisante pour préparer et prédisposer, en quelque sorte, les garçons aux futurs travaux de l’ouvrier et du soldat, les filles aux soins du ménage et aux ouvrages des femmes ».
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Billet de blog 6 août 2012