claude lelièvre
Historien de l'éducation
Abonné·e de Mediapart

774 Billets

1 Éditions

Billet de blog 6 octobre 2010

claude lelièvre
Historien de l'éducation
Abonné·e de Mediapart

L'appel de Bobigny

C’est fait. Et c’est sans aucun précédent historique. L’appel lancé à Rennes en mars 2009 en vue d’un «grand projet national pour l’enfance et la jeunesse» vient de déboucher sur un texte commun signé par une cinquantaine d’organisations (rédigé à partir des synthèses réalisées aux Assises tenues à Bobigny le 5 juin dernier ).

claude lelièvre
Historien de l'éducation
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est fait. Et c’est sans aucun précédent historique. L’appel lancé à Rennes en mars 2009 en vue d’un «grand projet national pour l’enfance et la jeunesse» vient de déboucher sur un texte commun signé par une cinquantaine d’organisations (rédigé à partir des synthèses réalisées aux Assises tenues à Bobigny le 5 juin dernier ).

Ce texte sera rendu public lors d’une conférence de presse qui se tiendra à Paris le mardi 19 octobre. Les signataires de cet Appel dit de ‘’Bobigny’’ lanceront ensemble " un appel à la Nation et aux responsables politiques républicains pour faire de l’éducation la priorité des politiques publiques autour de 5 objectifs prioritaires définis en commun et de 18 propositions communes ".

Ainsi, pour la première fois ( et bien au-delà d’accords pour refuser telle ou telle mesure ou politique scolaires ) s’exprimeront ensemble des syndicalistes représentant la grande majorité des enseignants et professionnels de l’enfance et de l’éducation, la première fédération de parents d’élèves ( la FCPE ), la quasi totalité des associations d’éducation populaire et complémentaires de l’enseignement, des mouvements pédagogiques, les 80 villes du Réseau français des grandes villes éducatrices…

Quatre grandes centrales syndicales : la CGT, la CFDT ( avec le SGEN–CFDT et la FEP-CFDT ), l’UNSA ( avec UNSA-éducation, le SE-Unsa, le SEP-Unsa ), la FSU ( avec le SNUipp, le SNES, le SNEP, le SNUEP-Fsu ).

La première fédération de parents d’élèves ( la FCPE ) et des syndicats d’étudiants et de lycéens ( l’Unef et l’UNL ).

Des mouvements pédagogiques : les CEMEA, le CRAP-Cahiers pédagogiques, le GFEN, l'ICEM et le CLIMOPE ( comité de liaison des mouvements pédagogiques et d’éducation ).

Plus d’une vingtaine d’associations d’éducation populaire et complémentaires de l’école ( on n’en citera que quelques unes, dans leur diversité ) : cela va - par exemple - de la Ligue de l’enseignement et des FRANCAS aux Eclaireurs de France et au Mouvement rural de jeunesse chrétienne, en passant par ATD Quart Monde et DEI -France, ou l’OCCE et l’Association de la fondation étudiante pour la ville ).

Enfin, et ce n’est pas la moindre originalité de cet accord historiquement inédit, des organisations relevant des collectivités locales telles que l’ANDEV ( Association nationale des directeurs de l’éducation des villes ) ou le RFVE ( Réseau français des villes éducatrices).

En effet, c’est à la suite des ‘’Rencontres de l’éducation’’ organisées par la Ligue de l’enseignement à Rennes en octobre 2008 que l’Appel dit de Rennes a été lancé en mars 2009 ( avec une bonne partie – déjà - des signataires de l’Appel final de Bobigny ), sous la forte impulsion d’acteurs territoriaux ( notamment ceux des " Villes éducatrices " ). Il est d’ailleurs significatif que la cheville ouvrière du ‘’comité de pilotage’’ des Assises intermédiaires tenues à l’Hôtel de Ville de Paris en juin 2009 ( cf mes billets des 4 et 6 juin 2009, page 7 de mon blog ) a été Yves Fournel ( adjoint à la mairie de Lyon et responsable national du Réseau français des villes éducatrices ). Et il a continué à être cette cheville ouvrière jusqu’au bout : aux Assises de Bobigny, et dans le processus final de rédaction du texte de l’Appel.

Dans ces conditions, on comprendra que la dimension ‘’locale’’ soit abordée de front à plusieurs reprises dans ce texte, et que l’une des 18 propositions – novatrice - lui soit intégralement consacrée.

Les différentes Assises nationales ont permis de dégager des convergences, des synergies possibles ( avec leurs limites, plus ou moins importantes selon les sujets ). Il y a eu aussi quelques ‘’assises thématiques’’ intermédiaires, organisées régionalement avec une dimension nationale. Elles ont été parfois très constructives, comme par exemple celle du 29 janvier 2010 à Strasbourg qui a abouti à un texte consistant pour définir et construire un " service public petite enfance " de 0 à six ans ( l’une des 18 propositions de l’Appel ).

Bref, aussi bien par les modalités qui ont été empruntées pour construire ce rassemblement que par la nature, la diversité et le nombre des organisations qui se sont entendues sur le texte de l’Appel de Bobigny, l’historien de l’éducation que je suis peut affirmer sans la moindre hésitation que cet Appel n’a aucun précédent historique. De près ou de loin.

Il reste à savoir si l’ambition qui est la sienne pourra être tenue : faire que cette irruption unifiée de nombre d’organisations de la ‘’société civile’’ contribue à susciter un grand débat national et à placer l’éducation - et l’Ecole - comme une question majeure des prochaines élections présidentielles, et dans le sens souhaité. L’Appel de Bobigny n’aurait pas alors seulement aucun précédent historique ( ce qui est déjà en soi remarquable, et un signe des temps) : il aurait un rôle historique. Et cela d’autant plus que, depuis une bonne dizaine d’années , les questions scolaires et éducatives ne sont plus au rendez-vous des élections majeures ( alors même que les résultats scolaires stagnent depuis une quinzaine d’années voire s’effritent, que l’Education nationale apparaît en difficulté, et que les questions éducatives paraissent en proie au délitement ). L’Histoire tranchera.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte