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Billet de blog 8 mai 2012

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Un ou deux ministres pour le système scolaire?

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Hollande choisira-t-il de nommer deux ministres, dont l’un pour le supérieur ( à l’instar de Sarkozy ) ou un seul, comme cela a été le cas pendant les quinze années de gouvernements de gauche ?
Il y a eu sous la cinquième République 21 ministres de l’Education nationale ( tous des hommes ) et 22 ‘’ministères’’’ successifs ( Jack Lang ayant été ministre de l’EN deux fois ). La durée moyenne de temps d’exercice des ministres de l’Education nationale a donc été de 2 ans et demi, le record de longévité appartenant à Christian Fouchet ( 4 ans et 4 mois, de novembre 1962 à avril 1967 ) et celui de courte durée à Jean Berthoin ( 7 mois, de juin 1958 à janvier 1959 ).
Sous la présidence de Charles de Gaulle puis de Georges Pompidou, le périmètre du ministère de l’Education nationale s’est toujours étendu aux enseignements supérieurs.
Il n’en a pas été de même sous la présidence de Giscard d’Estaing qui, après avoir nommé deux secrétaires d’Etat aux Universités ( Jean-Pierre Soissons en mai 1974, et Alice Saunier-Seïté en juin 1976 ), a transformé ce secrétariat d’Etat en ministère des Universités en avril 1978. Il y a donc eu, pour la première fois, un ministère de plein exercice des Universités ( hors tutelle du ministre de l’Education nationale ) d’avril 1978 au 22 mai 1981, dont le premier titulaire a été une femme : Alice Saunier-Seïté ).
Sous les gouvernements de gauche des deux présidences de François Mitterrand ( de mai 1981 à mars 1986, et de mai 1988 à mars 1993 ), le périmètre du ministre de l’Education nationale s’est à nouveau étendu sans aucune ambiguïté aux enseignements supérieurs.
Durant la première cohabitation ( mars 1986- mai 1988 ), le Premier ministre Jacques Chirac a nommé le 20 mars 1986 un ministre délégué chargé de la recherche et de l’enseignement supérieur – Alain Devaquet – qui n’a pas été remplacé après son départ en décembre 1986 ( et qui, de toute façon, en tant que ministre délégué, était sous la tutelle - au moins de principe - du ministre de l’Education nationale René Monory ).
Lors de la seconde cohabitation ( mars 1993-mai1995 )  le Premier ministre Edouard Balladur a  nommé le 30 mars 1993 François Fillon ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche ( il y donc eu à ce moment là, et pour la deuxième fois après Saunier-Seïté, un ministère de l’enseignement supérieur de plein exercice, tout à fait hors de la responsabilité du ministre de l’Education nationale François Bayrou ).
Sous la présidence de Jacques Chirac, le périmètre d’exercice de l’action du ministre de l’Education nationale s’est à nouveau étendu sans ambiguïté aux enseignements supérieurs, que ce soit durant le gouvernement Juppé, ou sous la houlette du Premier ministre Lionel Jospin ( lors de la période de cohabitation, de juin 1997 à mai 2002 ).
En revanche, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, il y a toujours eu un ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, de plein exercice, hors du périmètre d’action du ministre de l’Education nationale ( dont les titulaires ont été Valérie Pécresse de mai 2007 à juin 2011, et Laurent Wauquez, de juin 2011 à mai 2012 ).
Ce ne fut pas( c’est le moins que l’on puisse dire…) une période et un dispositif favorables à la mise en place d’un nouveau mode de recrutement et de formation des enseignants ( la ‘’mastérisation’’ ). La refondation d’une nouvelle formation des enseignants étant l’une des priorités déclarée par François Hollande, on peut sans doute espérer que le périmètre d’action du futur ministre de l’Education nationale s’étendra à nouveau sans ambiguïté aux enseignements supérieurs afin notamment de faciliter cette tâche ( au demeurant assez difficile pour qu’on n’y ajoute pas des rivalités potentielles de ‘’territoires’’...).
D’autant que les moments où les enseignements supérieurs ont échappé à l’autorité du ministre de l’Education nationale ont été au total plutôt sporadiques sur l’ensemble de la Cinquième République ( trois ans d’avril 1978 à mai 1981 avec Saunier-Seïté ; deux ans d’avril 1993 à mai 1995 avec François Fillon ; cinq ans de mai 2007 à mai 2012, avec Valérie Pécresse  et Laurent Wauquiez ). Soit pas plus de 10 ans en tout sur 54 ans de Cinquième République : ce qui fait 44 ans  ( dont les 15 ans de gouvernements socialistes ) où l’autorité du ministre de l’Education nationale s’est étendue aux enseignements supérieurs.
A l’évidence, la continuité avec Nicolas Sarkozy ne s’impose pas en la matière, là comme ailleurs…

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