Le texte proposé entend imposer le port de l’uniforme pour tous les élèves de l’enseignement primaire ou secondaire. Une vieille antienne de la droite depuis une vingtaine d’années, sans passage à l’acte jusqu’alors. Dès l'automne 2003 les dirigeants politiques de droite François Baroin et Renaud Donnedieu de Vabres ont évoqué le « retour » (sic) des « tabliers gris » pour lutter contre les enfants « fashions victims » et surtout combattre la « montée des communautarismes et le voile à l'école »
On peut citer aussi, parmi bien d’autres tentatives parlementaires de dirigeants de droite de premier plan celle de janvier 2015 : le député UMP Bernard Debré (avec le concours d'une quarantaine de députés de droite, dont Eric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan) dépose un projet de loi aux attendus significatifs : « L'Ecole doit être le lieu où se forme le sentiment d'appartenance à notre communauté nationale et à la République française […] Le port d'une tenue commune dans les établissements scolaires du premier et du second degré doit redevenir la règle »
Le texte examiné au Sénat ce mardi 11 avril propose de conférer aux directeurs d’école une « autorité hiérarchique » sur les enseignants de leur école. Là aussi, c’est une vieille antienne de droite qui n’a pas non plus été nettement actée jusqu’ici
Lors de la Convention de l’UMP sur l’Ecole tenue en novembre 2010 , un accent unilatéral a été mis sur le rôle à attribuer aux chefs d’établissement. Xavier Bertrand, alors secrétaire général de l’UMP, s’est prononcé pour les propositions du rapport du député UMP Reiss et a demandé « une évolution du statut du directeur d’école afin qu’il puisse participer au recrutement des équipes, et qu’il ait une réelle marge de manœuvre en matière de formation continue ». Frédéric Reiss, député du Bas-Rhin et auteur du rapport sur la direction d’école, s’est empressé d’affirmer que « nos écoles ont surtout besoin d’un patron ». Enfin Gérard Longuet, sénateur de Lorraine , a surenchéri en affirmant qu’« il faut qu’un patron [le chef d’établissement] puisse rentrer dans les classes et puisse faire une exfiltration des enseignants qui sont en rupture avec son projet pédagogique »
La Convention suivante de l'UMP sur l'Ecole tenue le 8 novembre 2011 a mis en valeur des propositions tout à fait significatives : « Le renforcement de l’autonomie des établissements doit signifier la possibilité pour le chef d’établissement (principal de collège, proviseur de lycée, mais aussi, à terme, directeur d’école) de recruter librement son équipe enseignante et d’administration ».
Par ailleurs- last but not least - il est proposé dans le projet de loi LR actuel de donner un coup d’arrêt à « la bureaucratie verticale» en expérimentant une « autonomie contractuelle » pour des écoles et établissements scolaires volontaires. Là encore, cela a déjà été envisagé dans le passé, et même au plus au niveau de l’exécutif. Avant d’être à nouveau élu président de la République avec une nouvelle majorité de droite en 2002, le président de la République Jacques Chirac lui-même s’était prononcé pour une « école de la proximité » devant le congrès des parents d’élèves (PEEP) du 24 mai 2001 : « il faut développer une politique de contrats avec les établissements et les académies », il faut envisager de « nouvelles synergies » ; « le temps est venu de faire vraiment confiance à ceux qui sont sur le terrain, et je veux qu’on aille très loin dans cette direction-là »
Mais cette orientation a été assez fortement contrariée par des mouvements très vifs des personnels de l’Education nationale durant le dernier trimestre de l’année scolaire 2002-2003. Et cela n’a finalement pas été « très loin » alors « dans cette direction-là ».
Le moment est-il venu de passer effectivement à l’acte ? Il apparaît que l’auteur principal de ce projet de loi LR sur l’Ecole le pense et sans fard (bien au contraire) : « cette loi porte des marqueurs de droite assumés comme tels » a-t-il tenu à préciser...