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Billet de blog 10 avril 2025

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Attal : le « choc des savoirs » et l’enflure verbale permanente

Fort imbu de sa formule qui concernait d’abord l’Ecole, Gabriel Attal en mal de reconnaissance l’a reprise et étendue sans limite, sans préciser ce que cela peut être. Sans doute un « élément de langage » en vue d’une élection présidentielle, la forme l’emportant toujours sur le fond dans l’inflation verbale permanente.

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Dimanche dernier, lors du meeting du parti Renaissance à Saint-Denis, l’éphémère ministre de l’Education Gabriel Attal a tenté de se distinguer en reprenant sa formule choc du ‘’choc des savoirs’’ et en la mettant en avant à tout va : « Il faut un choc des savoirs dans le supérieur. Il faut un choc des savoirs dans la formation continue. Tout au long de la vie. Le choc des savoirs doit advenir, vraiment, profondément, maintenant ».

Lorsqu’il était ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal s’est fait rapidement connaître en multipliant les annonces ‘’ultra prioritaires’’ successives, dans une incessante inflation verbale.

Le défilé des « priorités » a commencé dès son discours d’intronisation au ministère de l’Education nationale le 20 juillet 2023 : « Les absences de professeurs non remplacés seront ma priorité »

Une semaine après, le 27 juillet, le nouveau ministre de l’Éducation nationale proclame urbi et orbi qu’il a « fixé la lutte contre le harcèlement moral comme la priorité absolue » de son ministère.

Le 28 août, lors de sa conférence de rentrée scolaire, il apparaît que la cadence de la succession des ‘’priorités’’ du ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal ne faiblit pas :«  la première priorité est d’élever le niveau des quelques 11993500 élèves des écoles, collèges et lycées ».

Le 22 octobre, sur BFMTV,  Gabriel Attal met en avant avec une insistance renforcée une nouvelle "priorité" : « ma priorité, mon obsession, c'est que de nouvelles mesures soient prises pour la protection des élèves et des professeurs [...] Je vous le redis, la priorité de protéger les élèves et les professeurs, c'est cela mon obsession ».

Le 16 novembre, Gabriel Attal s’est empressé au premier jour du salon Educ@tech d’ajouter un cinquième élément à sa liste des "fondamentaux" et à sa déjà longue liste des priorités : « lire, décoder, décrypter l’information » doit s’ajouter au « lire, écrire, compter et respecter autrui » s’est-il écrié.

Le 22 novembre Gabriel Attal continue: "élever le niveau général de l'Ecole est ma priorité absolue ; je n'ai aucun tabou , y compris sur le redoublement ou les groupes de niveau".

Et puis par dessus tout, la formule magique : « le choc des savoirs » qu’il lance le 5 octobre 2023 lors de son discours à la Bibliothèque nationale (‘’limité’’ alors à l’Ecole : primaire, collège, lycée)

Et maintenant : « un choc des savoirs dans le supérieur, un choc des savoirs dans la formation continue, tout au long de la vie. Le choc des savoirs doit advenir, vraiment, profondément, maintenant »

Mais quand s’arrêtera-t-il ? Où s’arrêtera-t-il dans cette course effrénée de communication hyperbolique au risque d’être finalement pris pour un simple « camelot du roi » et/ou de faire rire ?

PS : "SOCRATE — Un sophiste ne serait-il pas un négociant ou un boutiquier qui débite les denrées dont l'âme se nourrit ? [...]. Ne nous laissons pas plus éblouir par les éloges qu'il fait de sa marchandise que par les belles paroles des commerçants, grands ou petits, qui nous vendent la nourriture du corps […] Le risque est même beaucoup plus grand quand on achète de la science que des aliments. Ce qui se mange et ce qui se boit, en effet, quand on l'achète au boutiquier ou au négociant, peut s'emporter dans un vase distinct, de sorte que l'achat entraîne peu de risques. Mais pour la science, ce n'est pas dans un vase qu'on l'emporte ; il faut absolument, le prix une fois payé, la recevoir en soi-même, la mettre dans son âme, et, quand on s'en va, le bien ou le mal est déjà fait."

 PlatonProtagoras, 313c-314b

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