Après les élections gagnées par la gauche en mai 1988, Lionel Jospin est nommé « ministre de l’Education nationale, de la Recherche et des Sports » (du 12 mai 1988 au 22 juin 1988) puis « ministre de l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports » (du 28 juin 1988 au 15 mai 1991). En quel sens prendre le formation de ce grand ministère ? C’est la première fois qu’est affirmée la volonté d’une ‘’politique globale d’aménagement des temps de vie du jeune ‘’ pour lui assurer un ‘’développement harmonieux’’. Cette volonté est exprimée par la circulaire du 2 août 1988, cosignée par Lionel Jospin (ministre de l’Education nationale) et par le secrétaire d’Etat chargé de « la Jeunesse et des Sports » (Roger Bambuck). Elle traite des temps scolaires, périscolaires et extrascolaires dans le cadre de projets éducatifs globaux. Elle se fonde sur le partenariat le plus large possible regroupant commune, école, associations, et tous organismes ou volontaires pouvant leur accorder leur concours.
On a tendance à l’oublier mais Jean-Michel Blanquer, après avoir été nommé le 17 mai 2017 simple ministre de « l’Education nationale », a été nommé le 16 octobre 2018 ministre de « l’Education nationale et de la Jeunesse » (avec sous son giron la nomination de Gabriel Attal, secrétaire d’Etat à la « Jeunesse »), puis le 6 juillet 2020 ministre de « l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports » (avec sous son giron la nomination de Roxane Maracineanu, ministre chargée des « Sports »).
La formation des sportifs de haut niveau afin d’avoir des succès dans les compétitions internationales ou aux « Jeux » défrayait déjà la chronique. Saluant les succès français ( basket, handball, volley) aux jeux de Tokyo, le tout nouveau ministre de « l’Education nationale, de la Jeunesse et des Sports" Jean-Michel Blanque n' a pas hésité à vanter le 7 août 2020 les mérites du sport à l’école en les liant à ces médailles olympiques ( s’attirant d’ailleurs une volée de bois verts de certains des médaillés fort sceptiques sur la véracité de ces affirmations)
Le sport a fait son entrée à l’Ecole es qualité à la fin du Second Empire. Il y est rendu obligatoire dans les collèges et les lycées en 1869, puis dans tous les établissements publics en 1880, soit avant l’instruction obligatoire, en 1882. Symboliquement, ce n’est pas rien ! On parle alors de "gymnastique", l’idée d’adversaire et de compétition y est étrangère. L’«éducation physique et sportive» arrive à l’Ecole dans les années 1960 seulement, face à nos très mauvais résultats aux Jeux olympiques de Rome en 1960: 5 médailles et aucun titre. C’est un choc, les journaux s’enflamment et le président de la République Charles de Gaulle nomme Maurice Herzog, grand alpiniste, secrétaire d’État à "la Jeunesse et aux Sports" pour remédier à cet état de fait. Maurice Herzog ne touche pas aux deux heures dédiées au sport, mais transforme la demi-journée de « plein air » en « éducation physique et sportive » et travaille, à travers deux lois-programmes d’envergure, à la construction d’installations sportives (dans et hors de l’école) : piscines, gymnases, stades…Les sections sport-études sont créées en 1964 après le camouflet de la France, encore une fois, aux Jeux de Tokyo.
Le ‘’grand ministère’’ qui vient d’être institué, rappelle plutôt la période gaullienne que celle de Jean-Michel Blanquer (et a fortiori celle du grand ministère d’Etat Jospin). Mais avec un sérieux bémol. Même si le général de Gaulle a institué un secrétariat d’État à "la Jeunesse et aux Sports" au sein du ministère de "l’Education nationale" dirigé par Christian Fouchet dans l’optique patriotique d’obtenir de bons résultats dans les compétitions internationales et en particulier aux Jeux Olympiques, l’intitulé de ce ministère est resté celui de « l’Education nationale » et on n’a pas assisté alors à l’hypertrophie et à l'inversion de sens actuelles : adjoindre « l’Education nationale » au périmètre et à l’intitulé : « Sports, et Jeux Olympiques et paralympiques ». Tout un symbole, voire tout un programme...