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Billet de blog 12 août 2013

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Fillon: inconstance et inconsistance

Les propositions de François Fillon à propos de l'Ecole annoncées fin juillet dans le cadre de son projet pré-présidentiel donnent la juste mesure de l'ancien ministre de l'Education nationale.

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Les propositions de François Fillon à propos de l'Ecole annoncées fin juillet dans le cadre de son projet pré-présidentiel donnent la juste mesure de l'ancien ministre de l'Education nationale.

Inconstance.

Le candidat d'ores et déjà déclaré pour la présidentielle de 2017 François Fillon « propose une annualisation du temps de travail des enseignants et l’extension de leur présence dans l'établissement en dehors des cours afin d’assurer des missions de soutien scolaire, d’appui à leurs collègues, de maintien de l’autorité ».

 Or quelle avait été la position du ministre de l'Education nationale François Fillon lors de la discussion de sa « loi d'orientation » à l'Assemblée nationale le 16 février 2005 ? "La Commission ''Thélot'' a suggéré de faire évoluer le métier de professeur en prévoyant que trois heures à six heures par semaine soient consacrées à l'accompagnement des élèves. Mais l'article 912-1 du code de l'éducation, issu de la loi d'orientation de 1989, inclut déjà ces missions dans celles des enseignants; et il est ressorti des discussions avec les syndicats que le temps d'enseignement serait inévitablement amputé par cette tâche. Enfin, il est délicat de quantifier cette partie du métier d'enseignant auquel beaucoup consacrent déjà bien plus de trois heures par semaine ». Et l'on en était resté là...

Inconsistance

 Le candidat François Fillon annonce par ailleurs que « l'Ecole doit être le creuset du civisme et de l’égalité républicaine :les distinctions sociales ou d’origines doivent s’effacer au profit d’un esprit d’unité ». Pour ce faire, il « propose d’instaurer une tenue uniforme des élèves dont les modalités doivent être définies au niveau de chaque établissement ».

En novembre 2011, le port de l'uniforme par les élèves avait déjà été l'une des 15 propositions du « pacte républicain » de l'UMP . Mais il était prévu que la généralisation de l'uniforme « ne seraitenvisagée qu'après une évaluation du dispositif et des aspects bénéfiques supposés d'une telle initiative ». François Fillon avait alors rejoint Christine Boutin ( qui avait déclaré le 24 novembre 2011 : « je propose que l'on rétablisse le port de l'uniforme, qu'il n'y ait plus cette compétition de marques qui pollue l'esprit de nos enfants » ) en se félicitant de la proposition de l'UMP et en y trouvant le « signe qu'à l'école, il n'y a pas de différences sociales : c'est l'un des éléments forts de l'intégration républicaine » ( alors que la mesure de l'UMP était explicitement présentée comme de nature à renforcer « un esprit de cohésion et d'appartenance commun à l'établissement » ).

 A vrai dire, cette explicitation de la mesure préconisée par l'UMP était plus proche de la réalité historique des raisons du port de l'uniforme ( lorsque cette pratique était relativement développée en France ) que des autres raisons avancées ( d'égalité notamment ). Car, historiquement, le port de ‘’l’uniforme’’ n’a jamais été un gage « d’égalité » ( même formelle ) : l’obligation n’en a jamais été faite pour la masse des élèves ( dans le primaire ou le primaire supérieur ) mais seulement dans certains établissements secondaires ( le plus souvent d'élite ) qui voulaient - justement ! -‘’se distinguer’’ ( les uns des autres ) et ‘’être distingués’’….

 En tout état de cause, Nicolas Sarkozy n'avait pas retenu cette proposition ( ne la jugeant sans doute pas à la hauteur d'un projet présidentiel pour l'Ecole ).

 Quant à la troisième mesure phare du programme pré-présidentiel pour l'Ecole du candidat François Fillon – à savoir la proposition d'un retour d'un examen d'entrée en sixième - on peut se reporter au billet précédent ( en date du 4 août ). Mais on ne saurait trop souligner le paradoxe ( o combien révélateur ? ) de cette prise de position : François Fillon se targue d'être un héritier du ''gaullisme'' et même d'avoir une attitude ''gaullienne'' ; or, en l'occurrence, la création du collège d'enseignement général ( avec son corollaire, la disparition complète de l'examen d'entrée en sixième ) a été l'une des principales décisions personnelles de Charles de Gaulle, à laquelle il tenait beaucoup. Mais peut-être François Fillon ne le sait-il pas...

 Inconstance et inconsistance, tels sont les maîtres-mots qui viennent à l'esprit pour juger de ce projet pour l'Ecole du pré-programme présidentiel du candidat François Fillon, surtout si l'on n'oublie pas qu'il a été Premier ministre et même ministre de l'Education nationale . Cela promet ( si l'on peut dire )...

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