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Billet de blog 13 janvier 2010

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La culture scientifique est-elle de seconde zone?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans les grandes confrontations disciplinaires et culturelles, la culture scientifique est rarement au premier plan ; c’est paradoxal, et ce n’est sans doute pas sans danger.

On peut se demander si la culture scientifique n’est pas jugée comme étant de seconde zone en France lorsqu’on considère un certain nombre de ‘’couples disciplinaires’’ où l’un des deux, moins reconnu culturellement que le premier, tente de jouer la carte d’une plus grande scientificité , mais en vain. Ainsi en va-t-il de l’économie vis à vis du droit, de la sociologie ou de la psychologie face à la philosophie, de la géographie vis à vis de l’histoire, de la linguistique face aux lettres classiques, voire ( même si c’est un cas un peu spécial ) de la physique ou de la biologie en regard des mathématiques.

Il y a là une dichotomie hiérarchisante au détriment de la valorisation du scientifique qui a ses prolongements dans les débats médiatiques, et l’importance donnée à telle ou telle discipline. L’histoire ( on l’a vu encore récemment ) , la philosophie, les humanités classiques voire les mathématiques peuvent susciter des débats passionnés, considérés comme de hauts vols, et attirer une attention foncièrement positive. C’est beaucoup plus difficile et plus rare pour les autres.

Il est pour le moins paradoxal - en particulier - que les sciences de la Vie et de la Terre restent dans une grande discrétion médiatique, et qu’elles soient peu valorisées dans l’Ecole elle-même. On devrait pourtant se souvenir que les sciences physiques s’inscrivent dans les fondements mêmes de la modernité en Occident depuis la fin de la Renaissance. Et l’on devrait aussi se rappeler que les sciences de la Vie et de la Terre se sont affirmées au siècle des Lumières et au siècle suivant, et qu’elles ont eu – de fait – partie intrinsèquement liée avec les enjeux démocratiques et laïques. Ce qui devrait suffire à les placer au premier plan d’une culture moderne.

On pourrait certes objecter que cela, c’est le passé, qui ne nous concernerait plus. Pourtant, on aurait tort de penser que le passé passe définitivement, qu’il est définitivement dépassé. Des menaces existent, venant de divers courants religieux fondamentalistes, dans les trois religions monothéistes, certes pour le moment très minoritaires mais bien réels. Ce qui devrait nous alerter, alors même que nous avons célébré cette année - mais dans une certaine discrétion - la révolution copernicienne et la révolution darwinienne. Ces courants combattent en effet ouvertement certains acquis scientifiques, et voudraient bien qu’on les ignorent, et qu’ils soient le moins possible enseignés ou valorisés. Quant à l’avenir, il semble pour le moins paradoxal, voire contradictoire, de mettre, par exemple, l’accent sur les questions du développement durable, et de ne pas valoriser dans le même temps les sciences de la Vie et de la Terre qui sont susceptibles de faire mieux appréhender, par chaque citoyen, par chaque futur citoyen, les enjeux et les voies de résolution possibles. Ces sciences de la Vie et de la Terre, peuvent paraître justement bien terre à terre en regard d’autres disciplines, plus reconnues culturellement. Mais il y va pourtant de l’avenir, de notre avenir.

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