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Billet de blog 13 juillet 2016

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Une ''simplification'' du baccalauréat?

Mardi dernier, la ministre de l'Education nationale a déclaré sur RTL que l'on a « besoin d'un même examen, d'un rite initiatique » ; mais que «c'est vrai qu'on a atteint une complexité qui mérite une simplification ». Sans doute, mais laquelle ?

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Najat Vallaud-Belkacem  pense qu' « il faut faire en sorte de mieux répartir, mieux équilibrer et  réduire le nombre d'épreuves » et qu' « il y a trop d'options » (lesquelles par ailleurs « n'existent pas de la même façon pour les baccalauréats généraux ou les baccalauréats professionnels »).

En 2013, le syndicat national des personnels de direction de l'éducation nationale (SNDPEN) avait fait sensation en présentant une enquête sur le coût de l'organisation du baccalauréat : un milliard et demi d'euros (correspondant pour l'essentiel au paiement effectif de trois semaines de cours en juin annulées en fait pour cause d'organisation du baccalauréat). «Qui pilote le bac?», interrogeait alors son secrétaire général, Philippe Tournier, décrivant «une machine folle». Face à cette «désorganisation rampante», il en appelait à une évolution du baccalauréat, avec moins d’épreuves et davantage de contrôle continu. «Les ministres sont hautement conscients du problème, mais le baccalauréat continue de tétaniser les décideurs politiques», concluait-il.

Quel est l’intérêt de cet examen, interrogeait enfin le SNPDEN, en soulignant qu'avant même le début des épreuves, les élèves savent déjà, via la procédure «Admission Post Bac» (APB), où ils effectueront leurs études supérieures. Ironiquement donc, le baccalauréat n’a d'«utilité pratique» que pour les 60.000 candidats qui ne le décrochent pas… «1,5 milliard pour refuser l’accès à l’enseignement supérieur à 60.000 élèves, soit 25.000 euros par candidat recalé ».

Une étude menée par l'IREDU (Institut de Recherche sur l'Education) montre, à partir de données réelles prises dans les évaluations de différents baccalauréats, que l'on pourrait réduire de moitié le nombre de disciplines sans que soit vraiment modifié le résultat global final. « Une réduction de moitié du nombre de matières (et corrélativement du coût et des risques de l'opération) apparaît envisageable ; il conviendrait sans doute de considérer des groupes de matières avec tirage au sort au moment de la passation pour cumuler les avantages du nombre réduit de celles-ci et du maintien des incitations au travail pour les professeurs et élèves dans les différentes composantes du programme. Ceci conduirait à un allègement sensible de l'institution du baccalauréat sans perte appréciable d'efficacité interne de la certification (examen terminal du secondaire). La question de la position du baccalauréat dans le dispositif de régulation des flux d'élèves et notamment dans la perspective de l'accès au supérieur reste évidemment posée ».

Mais on doit aussi sans doute prendre en compte les conclusions de l'analyse publiée récemment par le CNESCO (Conseil nationald'évaluation du système scolaire) « Les grands débats du baccalauréat » : « Le baccalauréat français qui embrasse un champ très large de matières et propose aux élèves une multiplicité d’épreuves complexes correspond bien aux formes d’évaluations qui peuvent avoir un effet bénéfique sur les résultats des élèves », estime le CNESCO qui fait remarquer par ailleurs que 27 des 37 pays de l'OCDE ont aujourd'hui un examen final, contre 14 pays en 1995. Les recherches ont montré que « ces épreuves ont des effets bénéfiques sur les apprentissages des élèves » car elles « jouent le rôle d’une référence extérieure à l’établissement ». Elles « obligent les enseignants, même dans les établissements les plus défavorisés, à suivre les mêmes programmes scolaires et à viser la maîtrise de méthodes de travail et d’exercices identiques pour tous les élève ». Encore faut-il que certaines conditions soient réunies : « un nombre conséquent de matières doivent être testées sur la totalité de leurs programmes scolaires et les types d’exercices demandés aux élèves doivent être complexe » En effet les épreuves de type QCM, les champs testés trop étroits et les exercices trop simples amènent un enseignement à la mesure du test.

Toujours est-il que la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud-Belkacem n'envisage pas que des décisions puissent être prises aux sujets des baccalauréats sans qu'un préalable au moins ait été levé (à savoir que le bilan de la réforme du lycée menée par LucChatel en 2010 ait été fait). « Lorsqu'il sera terminé et qu'on aura un certain nombre de recommandations, il faudra aborder la question du baccalauréat »

De fait , il est douteux que l'on puisse envisager des modifications sensibles du rôle des différents baccalauréats et de leurs modalités sans qu'elles soient inscrites dans une réflexion et des décisions de fond sur l'ensemble des fonctions des lycées et des différents secteurs des premières années du supérieur et de leurs articulations.

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