Le nouveau ministre de l’Education nationale Edouard Geffray est le septième depuis le début du second quinquennat d’Emmanuel Macron en mai 2022. Un record dont ce ministère n’a sans aucun doute pas besoin.
Le départ d’Elisabeth Borne ne peut pas être attribué tout uniment au souci déclaré du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu de ne pas avoir une équipe ministérielle parasitée par des ambitions politiques manifestes quand on peut constater que Rachida Dati (ouvertement candidate à la mairie de Paris) et Gérald Darmanin (qui ne fait pas mystère de ses ambitions présidentielles et qui est régulièrement testé en l’occurrence par la plupart des instituts de sondage) sont reconduits dans leurs postes ministériels (respectivement à la Culture et à la Justice)
Edouard Geffray est le cinquième énarque a être nommé ministre de l’Education nationale (après Alain Peyrefiifte en 1967, Jean-Pierre Chevènement en 1984, Lionel Jospin en 1988 et Amélie Oudéa-Castena en 2024)
A la suite de sa sortie de l’ENA dans ‘’la botte’’, il choisit le Conseil d’État. De 2012 à 2018, il est secrétaire général de la CNIL. En 2017, il devient directeur du cabinet du ministre de la Justice François Bayrou, puis directeur général des ressources humaines du ministère de l’Education nationale et enfin , du 24 juillet 2019 au 31 juillet 2024 : DGESCO (directeur général de l’enseignement scolaire)
C’est le deuxième DGESCO qui devient ministre de l’Education nationale, le premier étant Jean-Michel Blanquer. Cela mérite que l’on s’y arrête, et attire l’attention et la comparaison.
Cela s’est su, même s’il s’en est défendu plus ou moins et s’il est parfois difficile de démêler le vrai du faux en la matière, Jean-Michel Blanquer a mené une longue et intense campagne en vue d’être nommé ministre de l’Education nationale . La synthèse la plus complète est certainement l’article de Christelle Bertrand dans « Le Parisien » du 29 juin dernier. « Aucun candidat de la droite et du centre n’a été négligé. Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Emmanuel Macron et même Bruno Le Maire… Il les a tous rencontrés. A chacun, il a proposé ses services et tous les ont acceptés. [Mais ils perdent la primaire de droite ou se retrouvent en mauvaise posture à l’élection présidentielle]. Jean-Michel Blanquer envoie alors son nouvel ouvrage « L’Ecole de demain – Propositions pour une Education nationale rénovée » (paru en 2016) à Emmanuel Macron, accompagné de quelques notes. Le candidat d’En Marche ! a été sensibilisé à ce sujet par son épouse Brigitte. C’est elle qui lit le livre et en tire des fiches pour son mari. Lorsque Jean-Michel Blanquer rencontre enfin Emmanuel Macron, juste avant Noël, il comprend que son interlocuteur est prêt à s’appuyer sur des personnes issues de la société civile, même à un poste si stratégique. Il envoie les signaux nécessaires. Le candidat ne promet rien mais ne ferme pas la porte […] Finalement, Jean-Michel Blanquer décroche son graal»
Jean-Michel Blanquer est entré au ministère de l’Education nationale en tant que directeur adjoint du cabinet de Gilles de Robien entre octobre 2006 et mars 2007 . Il y est revenu comme directeur général de l’enseignement scolaire (DGESCO) de décembre 2009 à novembre 2012 dans le ministère de Luc Chatel. Il a été au moins » ministre-bis » dans les faits sous Luc Chatel. Il a voulu être ministre en plein soleil, avec son nom : « Blanquer » et si possible sa bonne prononciation "blanquère''). Et il a fait tout ce qu’il pouvait pour cela dès sa nomination. Jamais un ministre de l’Education nationale n’avait jusque là multiplié les »annonces » et les interviews ( même s'il a été rattrappé depuis voire dépassé par Gabriel Attal)
Rien de tel semble-t-il pour ce qui concerne le nouveau ministre de l’Education nationale et ancien DGESCO Edouard Geffray; Lors de son départ, la journaliste du « Monde » Violainne Morin écrit : « Edouard Geffray, qui avait rejoint l’éducation nationale en 2017 comme directeur général des ressources humaines avant d’être nommé Dgesco en 2019, est décrit par certains comme « usé » par la fonction, lui qui a dû mettre en musique la réforme du baccalauréat – avant de la défaire en partie –, gérer la pandémie de Covid-19 et, plus récemment, les groupes de niveau dans le cadre du « choc des savoirs » annoncé en décembre 2023 par Gabriel Attal. « Il a survécu à tous les zigzags de la politique éducative ces cinq dernières années, relève Sophie Vénétitay |…]. Lui met en avant sa « loyauté » envers « tous les ministres » sous la direction desquels il a travaillé. « Je n’ai jamais été fatigué de mes fonctions », assure-t-il. « Mais j’ai toujours dit que cinq années me semblaient être une bonne durée administrative, et qu’à un moment, il fallait savoir passer la main. » ( ‘’Le Monde’’ du 17 juillet 2024)
Mais pourquoi est-on aller le chercher ? Et pourquoi a-t-il accepté ? « Bizarre !». « Vous avez dit bizarre ? Comme c’est bizarre »
Doit-on en revenir à une interview d’Emmanuel Macron dans « Le Point » du 7 décembre 2017 où le président de la République affirmait qu’ « il faut en finir avec ce dilemme entre les politiques et les fonctionnaires. Cette République a parfaitement fonctionné à une époque où les fonctionnaires devenaient ministres […]. Jean-Michel Blanquer est un formidable ministre de l’Education nationale, fonctionnaire à l’origine »