Racine, un collectif d'enseignants “ bleu marine ” qui s'est réuni le 12 octobre, est indéniablement une nouveauté dans le paysage français. Mais cela s'inscrit aussi dans la droite ligne du corpus idéologique sur l'Ecole soutenu de longue date par Jean-Marie Le Pen lui-même.
En raison de l'importance qu'elle lui accorde, la présidente du Front national Marine Le Pen a clôturé la conférence de lancement du "collectif Racine" des "enseignants patriotes" en soulignant qu'une telle initiative était « inimaginable il y a quelques années », signe que « la bien-pensance recule » et que « les professeurs sont comme les autres citoyens », même « s'ils ne peuvent encore se dévoiler » partout. Le collectif compterait d'ores et déjà « plus de 100 membres », dont un inspecteur du primaire et des personnels de direction.
Se réclamant de « l'élitisme républicain», qui assure « la sélection des meilleurs par la promotion de tous », elle a vertement dénoncé le « désastre » provoqué par « le pédagogisme » depuis une cinquantaine d'années.
Aucune rupture ( ou même évolution sensible) en dépit de ce que soutiennent quelques commentateurs distraits (voire complaisants) avec son père Jean-Marie Le Pen en l'occurrence. Il suffit pour s’en convaincre de relire les extraits consacrés à l’Ecole dans le discours où Jean-Marie Le Pen avait présenté au Bourget, le 12 novembre 2006, son « projet présidentiel » ( en vue des élections présidentielles du printemps 2007 ).« Depuis 30 ans, tous ces gens qui se sont succédé au pouvoir se sont ingéniés, par idéologie, par démagogie, à détruire tout ce qui fonctionnait dans notre pays […] Ils ont cassé l’égalité républicaine. Ils ont cassé l’égalité par l’abandon de la laïcité, seul principe capable de maintenir le ‘’vivre ensemble’’, malgré nos diversités ancestrales ou récentes…Laïcité abandonnée par clientélisme communautaire, cette sordide soumission aux lobbies et autres minorités. Laïcité abandonnée par la mise en avant permanente et arrogante d’origines ethniques souvent mythifiées, au détriment des valeurs communes […]. Ils ont cassé l’Ecole qui n’aurait jamais du devenir le lieu de toutes les expérimentations pédagogiques, l’asile des délires d’apprentis sorciers, mais rester ce creuset où le jeune enfant apprenait à devenir Français et citoyen, et d’abord, bien sûr, à lire, à écrire et à compter […]. L’école est le véritable et premier lieu où se forge l’égalité, celle des chances. Or la véritable sélection, j'ose le dire, est source de l’égalité véritable ».
Dans ce cadre idéologique, nombre de participants à la conférence du collectif d'enseignants ''Racine'' ont dénoncé « le communautarisme » et les élèves qui « refusent de se fondre dans la communauté scolaire », à l'instar de Michel Sibel ( un professeur d'EPS) qui, pour faire bonne mesure, en a appelé au « redressement des corps » contre les « idéologies hédonistes » et contre « le désarmement moral ».
Et Gilles Lebreton, professeur de droit (université du Havre) s'en est pris vivement au « triple abandon » dont souffriraient les universités ( à savoir ''l'ultralibéralisme'', le ''régionalisme'', et le ''communautarisme'').