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Billet de blog 18 février 2013

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«Refondons l'Ecole!» Ensemble?

Le livre de Vincent Peillon vient de paraître en même temps que celui de Denis Paget, ancien dirigeant du SNES, et l’un des piliers de l’Institut de la FSU. Coïncidence hasardeuse ? Heureuse rencontre ? L’avenir le dira. 

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Le livre de Vincent Peillon vient de paraître en même temps que celui de Denis Paget, ancien dirigeant du SNES, et l’un des piliers de l’Institut de la FSU. Coïncidence hasardeuse ? Heureuse rencontre ? L’avenir le dira. 
L’ouvrage du ministre de l’Education nationale, paru au Seuil sous le titre impératif de « Refondons l’école », comporte treize chapitres. Un seul d’entre eux, mais situé au centre du livre ( le 7ième ) est consacré aux différents aspects de la question des rythmes scolaires et éducatifs ( « J’ai toujours pensé, souligne Vincent Peillon, qu’étant donné sa difficulté, cette réforme était un test pour la France »). Mais malgré l’importance qui est accordée à cette réforme, la « refondation de l’Ecole » dépasse de très loin la bonne résolution de cette seule question.
Il suffit pour s’en convaincre de prendre connaissance des douze autres chapitres dont la plupart des  titres sont tout à fait significatifs . On citera en particulier « Refonder l’école de la République, refonder la République par l’école », « Investir pour l’avenir », « Commencer par le commencement : priorité au primaire ! », « Enseigner : une vocation et un métier », « Une grande ambition pour l’école : inscrire la république dans les territoires numériques du XXI° siècle », « Une école de l’exigence et de la bienveillance », « L’idéal républicain et la morale laïque ».
Compte tenu de mes très fortes préoccupations de longue date pour la problématique « socle commun » - « culture commune », je me permets de réserver un sort particulier à la page 115 consacrée au « socle commun de connaissances, de compétences et de culture ». Que dit Vincent Peillon ?
« Nous avons choisi d’avancer de façon pragmatique, mais aussi respectueux de chacun. En réaffirmant ,d’abord, l’engagement de la nation à donner à tous ses enfants, au cours de leur scolarité obligatoire, le plus haut niveau de qualification et de culture possible. C’est pourquoi nous avons maintenu l’idée du socle commun de connaissances et de compétences. Mais nous l’avons rebaptisé « socle commun de connaissances, de compétences et de culture », pour bien le distinguer d’une approche économiste et ‘’adéquationniste’’ qui voudrait réduire la scolarité à une simple préparation au marché du travail ou pour répondre aux inquiétudes légitimes de ceux qui ont pu voir dans le socle commun une sorte de ‘’SMIC éducatif’’. Nous reverrons les modalités d’évaluation de  ce socle et nous redéfinirons son articulation avec les programmes ».
Il se trouve que le livre de Denis Paget (qui vient aussi de paraître,  mais aux éditions Syllepse) a pour intitulé tout autant significatif « Le Partage des savoirs. Réflexions sur une refondation de l’école ».
Ancien responsable du SNES, Denis Paget a participé à la consultation sur la refondation de l'Ecole, ce qui ( a-t-il confié au journaliste de l’excellent site « ToutEduc » ) a contribué à l'évolution de la pensée du syndicat des enseignants du second degré comme à celle de la fédération ( FSU ). Dans le projet de loi pour la refondation, l'ajout du mot « culture » à l'expression « socle commun de connaissances et de compétences », a ouvert d'ailleurs à la fédération une opportunité que ce livre saisit selon « ToutEduc ».
Après avoir revisité les réformes passée, et notamment celles qui ont contribué à « imposer l'idée que toute massification scolaire devait entraîner soit une réduction des contenus, soit leur transformation en compétences évaluables (...), en réservant l'accès à une vraie culture à une élite plus ou moins large », Denis Paget estime que les enseignants ont « su mettre en échec ces conceptions, mais au prix d'une pesanteur du statu quo » qu'il conviendrait de dépasser : Denis Paget considère en effet qu’ « iI serait inefficace de se rabattre sur la tradition scolaire pour affronter les graves problèmes » liés à « des mutations culturelles inouïes », au point que certains élèves « n'entrent pas dans les apprentissages parce que les connaissances et les pratiques culturelles de l'Ecole leur sont étrangères ».
Il lui apparaît donc impératif de définir un « programme obligatoire de culture et de compétences communes », ce projet portant sur l’ensemble de la scolarité obligatoire, et « jusqu’à la fin du lycée », et son élaboration étant l’occasion d' « installer des procédures plus démocratiques, plus efficaces, plus solides » que celles qui ont existé jusqu’ici pour l’établissement des programmes.
Y aurait-il des « rapprochements » ? Une certaine « concordance des temps » ? Serait-ce possible ?

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