Dans sa lettre de mission du 5 juillet 2007 à son ministre de l'Education nationale, le président de la République Nicolas Sarkozy souhaite l’organisation d’«une évaluation systématique de tous les élèves tous les ans, afin de repérer immédiatement les élèves en difficulté et de pouvoir les aider ; une évaluation régulière des enseignants sur la base des progrès et des résultats de leurs élèves»
Comme le disent Bruno Troseille et Thierry Rocher dans leur article "Les évaluations standardisées des élèves; perspectives historiques" (publié dans la revue ''Education et formations'' de mai 2015 ):'' ces nouvelles évaluations en CE1-CM2 sont en totale rupture avec les évaluations précédentes à ces niveaux scolaires. Situées en fin d’année scolaire pour le CE1, en janvier pour le CM2, elles sont présentées au départ comme des bilans devant également servir à évaluer les enseignants. La publication des résultats sur Internet, école par école, est même annoncée [...] Devant la levée de boucliers suscitée tant chez les enseignants que chez les parents d’élèves, l’idée de la publication des résultats école par école fait long feu. Toutefois, subsiste chez les enseignants une défiance quant à la vraie nature de ces évaluations, présentées à la fois comme bilan et comme diagnostic, en insistant tantôt sur un aspect, tantôt sur l’autre, et pouvant servir à contrôler leur valeur professionnelle. Cet usage possible de l’évaluation est ressenti comme d’autant plus injuste qu’il ne repose pas sur les progrès réalisés par les élèves, mais uniquement sur leur niveau à un instant donné, sans prendre en considération leur niveau scolaire à leur arrivée dans la classe ni leurs différences socioéconomique.
Cette confusion amène une résistance jamais encore vue chez les enseignants du primaire contre des évaluations malgré une prime de 400 € instituée pour les enseignants des niveaux concernés [...] En termes de fiabilité, une étude interne, réalisée par la DEPP lors de la première évaluation de janvier 2009, fait apparaître des distorsions dans les résultats selon que les écoles ont ou non été suivies par les inspecteurs du contrôle qualité, ainsi qu’en fonction des secteurs de scolarisation. Ainsi, on observe une surestimation des élèves par leurs enseignants, et ce de façon plus particulièrement marquée dans le secteur privé, en l’absence de contrôle des procédures de passation et de correction [...] La suspicion à l’égard de ces évaluations est telle que l’ajustement des résultats de la deuxième évaluation est dénoncé par beaucoup comme un « bidouillage » destiné à masquer l’impéritie du ministère. Celles-ci seront menées durant quatre années (de janvier 2009 à juin 2012) et ne seront pas reconduites après le changement de gouvernement de mai 2012 »