La semaine dernière Nicolas Sarkozy a déclaré dans deux meeting successifs qu'il fallait augmenter de 30% le temps de travail des enseignants, augmenter de 30% leur rémunération, et diminuer de 30% leur nombre.
Mercredi dernier, lors d'une réunion publique à Toulouse, l'ancien président de la République candidat à la présidence de l'UMP a repris une idée qu'il avait déjà formulée lors de sa campagne pour les présidentielles de 2012 « augmentation de la durée de travail des enseignants afin que chacun puisse consacrer 4 ou 5 heures en plus pour aider en dehors de la classe des enfants dans l'établissement qui ont du mal à suivre », mais en situant cette ancienne proposition dans un ensemble tout à fait nouveau destiné sans doute à'' frapper les esprits'' : « 30% d'heures en plus pour les enseignants, 30% de rémunération en plus pour les enseignants, et 30% d'enseignants en moins : cela me semble une politique adaptée à la situation que connaît notre pays ».
Selon les statistiques du ministère de l'Education nationale, il y avait 840 000 enseignants en France pour l'année scolaire 2013-2014. Il faudrait donc supprimer environ 250 000 postes. En deux quinquennats (soit 25000 postes par an, à peu près les départs à la retraite) ? Ou en un quinquennat ( soit les départs à la retraite, plus environ 25 000 licenciements nets par an) ?
Par ailleurs, puisque son idée d'augmentation du travail des enseignants est qu'ils travaillent « 4 à 5 heures en plus pour aider en dehors de la classe des enfants qui ont du mal à suivre », baisser le nombre des enseignants reviendrait donc mécaniquement à augmenter le nombre d'élèves par classe dans l'ensemble de la France.
On peut comprendre que, contacté par « Le HuffPost » juste après ce meeting, le porte-parole de Nicolas Sarkozy ( Gérald Darmanin) assure qu'il s'agit d'une erreur : « il a dit, pas de créations de postes » . Mais, problème, la vidéo retranscrivant ces propos de Nicolas Sarkozy est bien là ; ainsi que ces chiffres repris dans la foulée par son compte Twitter. Gérald Darmanin assure que quoi qu'il en soit, tout cela ne reflète pas la pensée de Nicolas Sarkozy...
Hélas ! Trois fois hélas ! Pour son cinquième meeting à Saint-Cyr-sur-Loire, dans la soirée de mercredi dernier, profitant de la dernière question posée dans salle, Nicolas Sarkozy n'hésite pas un seul instant à entonner son nouveau refrain des trois 30% : « Il faudra accepter la réduction très sensible du nombre des fonctionnaires. Si je prends comme seul exemple les enseignants, pour qui j'ai beaucoup de respect, je le dis nous n'avons pas les moyens d'avoir un million d'enseignants formés, de qualité, étant engagés comme il se doit dans leur métier. Il faut augmenter de 30% le travail des enseignants, augmenter de 30% leur rémunération, et diminuer leur nombre de 30%, ainsi vous aurez le meilleur pour vos enfants ».
Interrogé vendredi dernier sur Radio Classique à propos de ces propositions de son rival Nicolas Sarkozy, Alain Juppé a répondu qu'il entendait "renouer avec le principe du non -remplacement d'un fonctionaire sur deux partant à la retraite", en précisant que "si on veut réduire la dépense publique, il faut naturellement travailler sur l'ensemble des effectifs des fonctionnaires". "La France n'a pas les moyens d'entretenir un million d'enseignants, même motivés"a-t-il ajouté.. Ah , qu'en termes ''galants'' ces choses là sont dites!