Il y a tout juste dix ans, au vingtième anniversaire du CEPII ( le principal centre français d'étude et de recherche en économie internationale ) Dominique Strauss-Kahn évoquait la nécessité urgente d'un «'nouveau Bretton Woods», suite à la crise qui venait de se produire. Etrange anniversaire pour lui, et pour nous.
"Célébrer les vingt ans du CEPII, réfléchir sur l'économie mondiale, c'est un peu la même chose. En cette occasion une phrase pourtant me vient à l'esprit, celle de Paul Nizan: ''J'avais vingt ans, et je ne permettrai à personne de dire que c'est le plus bel âge de la vie'' [...]. Parce que l'économie mondiale ne va pas bien. Et que les acquis de l'ouverture internationale sont aujourd'hui remis en question par les secousses successives que nous avons subies depuis un an . Plus d'un tiers de l'économie mondiale se touve aujourd'hui en récession sans l'avoir mérité [...]. La crise actuelle vient nous rappeler qu'aucun marché ne fonctionne bien sans règles et sans institutions. Ainsi que je l'ai dit lors de la réunion du comité intérimaire du FMI, il y a quelques semaines à Washington, l'alternative est claire. Si nous savons faire évoluer les règles et réformer les institutions de notre économie mondialisée, nous créerons un cadre solide pour la croissance. Si nous échouons à le faire, et à faire ainsi fonctionner les marchés au bénéfice du développement, nous créerons les conditions d'un rejet d'une libéralisation perçue comme porteuse d'instabilité. C'est dans cet esprit qu'il y a dix-huit mois le gouvernement de Lionel Jospin a pris, en matière européenne, une initiative sur la coordination des politiques économiques. C'est dans cet esprit qu'il a pris, il y a un mois, une initiative en faveur d'un nouveau Bretton Woods. Le parallèle n'est d'ailleurs pas fortuit : mettre en place les régulations dont l'économie mondiale a besoin est, par son ambition et son enjeu, une tâche comparable à la construction européenne". C'était il y a dix ans, jour pour jour, le 20 octobre 1998. Le temps passe.