Le 17 octobre 2002 une grève nationale a lieu à l'appel de la FSU, de l'UNSA-Education , du SGEN-CFDT, de la FERC-CGT et du FAEN contre les rumeurs persistantes de décentralisation et une priorité budgétaire donnée à la police et à la défense plutôt qu'à l'Ecole. Elle est très suivie: 49% dans les écoles selon le ministère (68% selon le SNUipp), 44% dans les collèges (60% selon le SNES) , 37% dans les lycées professionnels, 36% dans les lycées généraux et technologiques, 37% parmi les personnels ATOS ( toujours selon le ministère).
Une seconde journée nationale de grève a lieu le 18 mars 2003. Elle est moins suivie que la première, alors même que l'annonce de la décentralisation de quelque 110000 personnels non-enseignants dans le giron des collectivités locales a été faite. Selon le ministère, 30% des enseignants du primaire, 34% des enseignants de collèges et 26 % des professeurs de lycée , ont fait grève . A peine 26% des personnels ATOS (administratif, technique, ouvrier et de service) ont suivi le mouvement (alors qu'ils étaient les premiers concernés).
A partir de mai 2003, la question des retraites s'ajoute à ce contentieux (il est notamment annoncé que les personnels vont subir l'allongement progressif de la cotisation de 37,5 annuités à 40 annuités). Dix autres journées nationales de grève vont alors se succéder jusqu'au 19 juin 2003, date à laquelle le ministère de l'Education nationale annonce 11% d'enseignants grévistes en moyenne dans les écoles, 12 % dans les collèges, 6% dans les lycées généraux, 4% dans les lycées professionnels; et 6 % de grévistes parmi les personnels non-enseignants.
Les onze appels nationaux à des journées de grève ont rythmé des temps forts nationaux des actions syndicales. mais avec une pente tendancielle à la baisse…
A partir de fin avril et surtout de mai 2003, le mouvement se durcit à l'occasion d'initiatives locales qui ont pu être particulièrement fortes dans certaines régions: les académies de Créteil, de Montpellier, d'Aix-Marseille et de la Réunion. Il y a des occupations de rectorats et d'inspections académiques, des blocages de dépôt de bus ou de péages autoroutiers, des opérations escargots sur les routes, des jets d'exemplaires du livre du ministre de l'Education nationale Luc Ferry, des menaces sur la tenue du baccalauréat.
Cela a toujours été minoritaire; mais, au plus fort de l'action, les syndicats du second degré ont estimé à environ 3000 le nombre des collèges et lycées publics (sur 7800) touchés dans des proportions variables par des mouvements de grèves reconductibles, eux-mêmes plus ou moins longs.
Or une jurisprudence du Conseil d'Etat (arrêt Omont de 1978) prévoit la possibilité de défalquer les jours non travaillés (les mercredis par exemple) , les week-ends et les jours fériés, compris entre deux journées de grèves. Ce mode de calcul, qui peut paraître étonnant, vise à corriger les effets du prélèvement par ''trentième'' (une journée de grève, en application d'une loi de 1977, prévoit la retenue d'un trentième de salaire et des primes mensuelles par jour de grève): sans cette jurisprudence, un enseignant en grève reconductible pourrait percevoir jusqu'à un tiers de son traitement même s'il n'effectue aucune heure de cours (du fait du ''paiement'' des trentièmes correspondant aux week-ends et jours fériés). Les grèves reconductibles ont pu être fort douloureuses financièrement, et certains s'en souviennent encore.
Peu à peu, on se rapproche de la mi-juin où les épreuves du baccalauréat vont commencer par celles de philosophie. La question du boycott du baccalauréat est posée. Mais les directions des syndicats d’enseignants n’y sont pas favorables. Et il n’y a pas alors eu un passage à l’acte