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Billet de blog 20 juin 2023

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Blêmes devant les emblèmes?

Il y a de quoi si l’on mesure le glissement progressif vers une focalisation nationale emblématique. Dès 2024, le « service national universel » consistera en une période de deux semaines pour les élèves de seconde volontaires, avec lever de drapeau et Marseillaise chaque jour.

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Il y a dix ans, la loi du 8 juillet 2013 stipule que « la devise de la République, le drapeau tricolore et le drapeau européen sont apposés sur la façade des écoles et des établissements d'enseignement du second degré publics et privés sous contrat ».

Le 11 février 2019, le député Eric Ciotti défend un amendement qui « tend à faire en sorte que le drapeau français soit installé dans chaque classe de chaque école de la République. Nous avons évoqué la Marseillaise ; nous parlons maintenant du drapeau français ». Dans un premier temps, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer n'abonde pas dans ce sens : « Je ne dis pas que c'est une proposition absurde, mais je ne pense pas qu'il soit souhaitable de multiplier les affichages en classe pour des raisons pratiques évidentes ».

Mais d'autres députés LR soutiennent l'amendement. Il y a une suspension de séance à l'issue de laquelle est proposé (et voté) un « compromis historique''(?) à la suite de « propositions faites par le Gouvernement, avec l'aval du premier signataire de l'amendement n°102 (Eric Ciotti) » . Cet amendement rectifié est désormais ainsi rédigé : « La présence de l'emblème national de la République française, le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge, du drapeau européen ainsi que les paroles du refrain de l'hymne national est obligatoire dans chacune des salles de classe du premier et du second degrés, publics ou privés sous contrat » Et il est finalement voté . On peut cependant se demander ce qu’il en est réellement dans les salles de classe….

Mais en ce printemps 2023, exit le ‘’compromis historique’’ et la référence au « drapeau européen ». Eric Ciotti ( et ses LR) aurait-il (symboliquement) gagné totalement la partie en vue d’accords politiques éventuels futurs ?

En réponse à une question posée le 20 mai 2018 par la députée Modem Marguerite Deprez-Audebert sur la façon de « donner envie d'Europe à notre jeunesse », le ministre de l'Education nationale avait répondu qu'il est « tout à fait primordial d'ancrer l'idée européenne chez les jeunes en leur faisant bien comprendre qu'il y va de leur avenir »

Et Jean-Michel Blanquer avait indiqué qu'il avait déjà élaboré  toute une « stratégie » avec le Chef de l'Etat dont l'axe central était qu' « à l'horizon 2024, chaque étudiant devra parler deux langues européennes en plus de la sienne » et que « la moitié d'une classe d'âge devra avoir passé au moins 6 mois dans un autre pays européen que le sien »

C'était la reprise, huit  mois après, d'un passage du discours du Président de la République en Sorbonne le 26 septembre 2017: « Au lieu de déplorer le foisonnement des langues, nous devons en faire un atout! L'Europe doit être cet espace où chaque étudiant devra parler au moins deux langues européenne d'ici 2024. En 2024, la moitié d'une classe d'âge doit avoir passé, avant ses 25 ans , au moins 6 mois dans un autre pays européen ». Mais on ne voit rien venir...ni ‘’en marche’’

Décidément, l’horizon pour 2024 était avant tout "européen" pour le Chef de l’État et son ministre de l’Education nationale dans les premières années du premier quinquennat. Cet horizon se serait-il rétréci au "national" en ce début de second quinquennat ? Le ballet des emblèmes n’est pas tout, mais il n’est pas sans signification..

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