Il a fallu attendre le 19 juillet 1889 (sept ans après les lois ''ferrystes'') pour que les instituteurs deviennent fonctionnaires et soient rémunérés par l'Etat. Les institutrices aussi, mais avec une grille de traitement inférieure...
Dès la Révolutions française, le problème est pourtant posé en même temps que l'appellation d' « instituteur » (à savoir celui qui doit contribuer en premier lieu à « instituer » l'esprit républicain, la République). Ainsi, l'article 6 du projet de décret présenté par Romme à la Convention le 20 octobre 1793 au nom de la Commission d'éducation mentionne que « tous ceux qui remplissent l'honorable fonction d'élever et d'instruire les enfants de la République portent le titre d'instituteurs. Ils sont fonctionnaires publics ». Mais, en dépit de plusieurs tentatives du même ordre, cela n'aboutira que le 19 juillet 1889 (presque un siècle plus tard, et même sept années après le célèbre moment des ''grandes lois laïques'' de 1881 et 1882 initiées par Jules Ferry...).
Les écarts de rémunérations restent néanmoins très importants par rapport aux professeurs du secondaire. Un professeur de collège gagne alors trois plus qu’un instituteur en début de carrière, et deux fois plus en fin de carrière (un agrégé 8 fois plus en début de carrière, et 6 fois plus en fin de carrière).
Par ailleurs deux grandes inégalités sont légalisées en toute clarté . Les grilles de salaires sont différentes pour les instituteurs et les institutrices. Et les institutrices d'écoles maternelles, jusqu'à la Grande Guerre, ont 10 heures de service par jour en hiver, douze en été (contre 6 heures par jour dans l'élémentaire). Elles sont privées du congé du jeudi. Leurs grandes vacances sont réduites à 6 semaines (contre 8 semaines) qui doivent être prises successivement par les maîtresses d'une même école (pour assurer la continuité du service).
En août 1909, un vœu préparé par des organisations féministes est adopté au congrès des Amicales d'instituteurs et d'institutrices : « La question de l'égalité des traitements entre instituteurs et institutrices accompagnera toutes les revendications d'ordre quelconque présentées par le bureau de la Fédération des amicales et les précédera afin de bien montrer aux pouvoirs publics l'intérêt primordial que le personnel enseignant attache à cette question ».
Malgré l'appui diligent du radical-socialiste Ferdinand Buisson qui obtient la signature de 167 députés pour que « la Chambre invite le gouvernement à établir au prochain budget le principe de l'égalité des traitements entre instituteurs et institutrices de même classe, avec application échelonnée sur plusieurs exercices », rien n'est décidé.
Il faut attendre la loi du 6 octobre 1919 votée par une Chambre des députés « bleu horizon » pour que l'égalité de traitement soit obtenue.
Les voies du Seigneur sont impénétrables, dit-on. Celles de l'Histoire peuvent être fort surprenantes...
Le 1er août 1990, le statut des « professeurs des écoles » indique qu'ils ont la même grille indiciaire que les professeurs certifiés.