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Billet de blog 22 octobre 2009

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Les manuels: quelle importance?

La part du chiffre d’affaires des manuels scolaires dans l’édition est inférieure à celles des livres de jeunesse ou de la BD. Quelle place leur accorder ?

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La part du chiffre d’affaires des manuels scolaires dans l’édition est inférieure à celles des livres de jeunesse ou de la BD. Quelle place leur accorder ?

L’inspection générale vient de préciser que la mission sur les manuels qui lui a été donnée en cette rentrée scolaire ne concernera pas que le manuel numérique et son développement ( comme il avait été prévu à l’origine ), mais plus globalement les usages de l’ensemble des manuels.

Les élèves français sont nettement moins bien équipés en manuels scolaires que leurs voisins européens. La France consacre 11 euros par élèves et par an à l’achat de ces ouvrages, alors que la moyenne européenne se situe autour de 30 euros, soit 3 fois plus. Contrairement à ce que l’on pense souvent, les manuels scolaires ne pèsent pas très lourd dans le chiffre d’affaires de l’édition en France : pas plus de 10%. A titre de comparaison, c’est moins que le chiffre d’affaires de l’édition jeunesse et à peu près au même niveau que celui des bandes dessinées..

Selon Didier de Calan, directeur de la pédagogie chez Nathan, la défiance des enseignants français vis-à-vis des manuels est liée à l’Histoire. " Le manuel, dit-il, est encore considéré comme une contrainte, car il a été très catéchétique en France ".

En tout cas , le précédent rapport de l’Inspection générale qui date d’une bonne dizaine d’années, pointait un fort développement des documents polycopiés, avançant même les chiffres de " 15 à 20 photocopies par élève et par semaine, et près d’une photocopie, en moyenne et par heure de cours ". En multipliant les photocopies, analysaient les inspecteurs, " les enseignants reconstituent un autre manuel pour manifester leur autonomie et faire la preuve de leur travail. ".

En réalité, d’autres observateurs ont montré que l’usage des manuels pouvait varier beaucoup d’une discipline à une autre, et d’un enseignant à l’autre. Il peut être un support pour le cours ; il peut mettre à disposition des élèves des documents de bonne qualité ; il peut être aussi un support de révisions, voire une banque d’exercices.

Les auteurs du dernier rapport, celui de 1998 rédigé – signe de l’importance accordée à cette question - par le doyen de l’Inspection générale lui-même, Dominique Borne, regrettaient que le manuel ne soit " ni un ouvrage de référence, ni même de simple lecture " pour les élèves. Leur principale recommandation était que le manuel scolaire " redevienne un livre ". Plus de dix ans après, il est demandé explicitement aux inspections générales de " réfléchir au concept de manuel, et à tout ce qu’implique son inscription dans le quotidien des pratiques scolaires en classe et hors de la classe, pour les élèves comme pour les professeurs ".

Il semble convenu que les inspecteurs généraux doivent se hâter lentement. Serait-ce parce que leur enquête peut se doubler de certains échanges avec les éditeurs ? Serait-ce parce que le débat sur le développement du manuel numérique ( et sa place relative ) est susceptible d’évoluer rapidement ? Serait-ce parce que la nostalgie des " Lavisse ", " Malet et Isaac " ou autres " Lagarde et Michard " n’est plus ce qu’elle était ? On se perd en conjectures.

PS: Lorsque j'ai écrit ce billet ( qui est la retranscription élargie de la chronique que je tiens désormais chaque mercredi vers 11 H 15 sur France Culture dans l'émission ''Rue des écoles" conduite par Louise Tourret ), j'ignorais deux nouvelles d'actualité:

1) Le SNE ( syndicat national de l'édition ) estime que, menée sans concertation avec les collectivités et sans financement spécifique, la nouvelle réforme des programmes de l'école primaire a conduit à des situations très disparates quant à la fourniture de manuels conformes ( avec des écarts de 1 à 10 ) selon les communes. En collège, la subvention globalisée aux établissements, qui doit couvrir l'achat de carnets de correspondance et des manuels scolaires, a baissé de 14% en 4 ans, alors que les besoins de nouveaux manuels sont croissants avec les applications progressives de la réforme des programmes des collèges décidée en 2005.

2) Confortés par la demande ministérielle de fournir dans plusieurs disciplines des manuels numériques aux élèves de sixième ( assortie de financements spécifiques ), les éditeurs scolaires ont décidé de se lancer résolument des le développement numériques des manuels.

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