Dans son style ô combien verbalement empressé, le nouveau ministre de l’Education nationale n’a donc pas manqué d’en rajouter en prétendant par ailleurs que « le premier objectif de la politique, c’est de créer les conditions du bonheur dans la société ».
Un écho d’un jeune ministre (à la communication hyperbolique) au célèbre aphorisme de Saint-Just : « le bonheur est une idée neuve en Europe » ? Le moins que l’on puisse dire en l’occurrence, c’est que si l’on prenait cela au sérieux, il y aurait beaucoup à faire...En particulier dans le contexte actuel.
Mais que peut-on prendre au sérieux si l’on déroule le fil des priorités énoncées par Gabriel Attal depuis qu’il est ministre de l’Éducation nationale ? On est dans une sorte de film "en accéléré" qui devrait faire rire (l’accélération provoquant le rire par son effet mécanique, contrairement au ralentissement qui induit en principe un ‘’effet poétique’’).
Le défilé des « priorités » a commencé dès son discours d’intronisation au ministère de l’Education nationale le 20 juillet 2022 : « Les absences de professeurs non remplacés seront ma priorité »
Une semaine après, le 27 juillet, le nouveau ministre de l’Éducation nationale proclame urbi et orbi qu’il a « fixé la lutte contre le harcèlement moral comme la priorité absolue » de son ministère.
Le 28 août, lors de sa conférence de rentrée scolaire, il apparaît que la cadence de la succession des ‘’priorités’’ du ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal ne faiblit pas : « la première priorité est d’élever le niveau des quelques 11993500 élèves des écoles, collèges et lycées ».
Le 22 octobre, sur BFMTV, Gabriel Attal met en avant avec une insistance renforcée une nouvelle "priorité" : « ma priorité, mon obsession, c'est que de nouvelles mesures soient prises pour la protection des élèves et des professeurs [...] Je vous le redis, la priorité de protéger les élèves et les professeurs, c'est cela mon obsession ».
Le 16 novembre, Gabriel Attal s’est empressé au premier jour du salon Educ@tech d’ajouter un cinquième élément à sa liste des "fondamentaux" et à sa déjà longue liste des priorités : « lire, décoder, décrypter l’information » doit s’ajouter au « lire, écrire, compter et respecter autrui » s’est-il écrié.
Et le 21 novembre, au colloque du CNESCO sur « le bien-être à l’Ecole, le « bonheur, au cœur du projet sur l’Ecole » !
Mais quand s’arrêtera-t-il ? Où s’arrêtera-t-il dans cette course effrénée de communication hyperbolique au risque d’être finalement pris pour un simple « camelot du roi » et/ou de faire rire ?
Le 22 novembre Gabriel Attal continue: "élever le niveau général de l'Ecole est ma priorité absolue ; je n'ai aucun tabou , y compris sur le redoublement ou les groupes de niveau".