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Billet de blog 23 décembre 2024

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Elisabeth Borne à l’Education Nationale : deux confirmations et une inversion

En une vingtaine d’années pour l’une et une dizaine pour l’autre, la nomination à la tête du ministère de l’Education nationale d’une personne ayant fait ses études dans le privé ou du genre féminin n’a plus constitué une surprise. Il n’en va pas de même pour le va-et-vient inversé de Premier ministre vers celui de ministre de l’Education nationale.

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Deux caractéristiques qui ont été longtemps quasi absentes dans le profil des ministres de l’Education nationale sont devenues presque banales ces dernières années et confirmées par la nomination d’Elisabeth Bornne : femme et/ou études effectuées dans l’enseignement privé (au moins en partie, ce qui est le cas d’Elisabeth Borne qui a d’abord fréquenté l’institut de la Providence à Paris avant d’être élève au lycée Janson de Sailly)

Jusqu’à la nomination de Najat Vallaud-Belkacem le 26 août 2014, il y a une dizaine d’années, il n’y avait jamais eu une femme à la tête du ministère de l’Education nationale. Depuis, on a eu droit à trois ministres hommes : Jean-Michel Blanquer (de mai 2017 à mai 2022), Pap Ndiaye (de mai 2022 à juillet 2023), Gabriel Attal (de juillet 2023 à janvier 2024) . Puis à trois femmes : Amélie Oudéa-Castéra (de janvier à février 2024), Nicole Belloubet (de février à juillet 2024), Anne Genetet (de septembre à décembre 2024)

Depuis une vingtaine d’années, la nomination de ministres ayant fait des études dans une école privée est devenu presque banale. Auparavant, sur les 21 ministres de l’Education nationale qui se sont succédé durant la Cinquième République de juin 1958 à mars 2004, seuls deux d’entre eux ont été dans ce cas : Joseph Fontanet (ministre de l’EN de juillet 1972 à mars 1973) a d’abord étudié à la maison sous la conduite de sa mère, avant d’entrer à l’âge de dix ans à l’Institut des Chartreux de Lyon ; et Alain Savary (ministre de l’EN de mai 1981 à juillet 1984) a été scolarisé au collège Stanislas avant de poursuivre ses études au lycée Buffon

Notre nouvelle période a commencé avec François Fillon (ministre de l'Education Nationale de mars 2004 à mai 2005) qui a étudié au collège privé de Saint-Michel des Perrais à Parigné-le-Potin, puis au lycée Notre-Dame de Sainte-Croix au Mans, suivi de Gilles de Robien (ministre de l’Education Nationale de juin 2005 à mai 2007) qui a été scolarisé à la Providence d’Amiens (établissement jésuite renommé dans toute la région) et par Luc Chatel (ministre de l’Education Nationale de juin 2009 à mai 2012) qui a été scolarisé au non moins prestigieux lycée jésuite Saint-Louis de Gonzague dans le XVI°. Jean-Michel Blanquer  a passé toute sa scolarité, à partir du CM1, au non moins célèbre collège Stanislas, dans le VI° et Gabriel Attal dans la prestigieuse Ecole alsacienne. Soit 5 ministres sur les 13 qui se sont succédé durant cette nouvelle période de 20 ans (de 2004 à 2024)

Elisabeth Borne est la première personne a avoir été Première ministre (du 16 mai 2022 au 8 janvier 2024) avant d’être nommée ensuite ministre de l’Education nationale (parmi les 27 Premiers ministres de la Cinquième République) .

En revanche, on a eu quatre fois le chemin inverse. Lionel Jospin, ministre de l’EN de mai 1988 à avril 1992, Premier ministre de juin 1997 à mai 2002). François Fillon, ministre de l’EN de mars 2004 à mai 2005, Premier ministre de mai 2007 à mai 2012. Gabriel Attal ministre de l’EN de juillet 2023 à janvier 2024, Premier ministre de janvier à septembre 2024. Et enfin François Bayrou ministre de l’EN de mars 1993 à juin 1995, nommé Premier ministre le 13 décembre 2024 . On admirera le chassé croisé totalement inédit entre François Bayrou et Elisabeth Borne…

Le ministère de l’Education nationale - un ministère très ‘’exposé’’ (qui fait gagner rapidement en notoriété mais risqué) - peut apparaître comme un tremplin pour des politiques qui doivent d’abord gagner en notoriété (nécessaire pour envisager une carrière de Premier ministre voire de Président de la République). Et c’est d’ailleurs ce qu’ii s’est passé (plus ou moins rapidement) pour Lionel Jospin, François Fillon, Gabriel Attal et François Bayrou. Mais Elisabeth Borne a d’ores et déjà gagné une certaine notoriété avec son recours compulsif à l’article 49 aliéna 3...

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