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Billet de blog 24 février 2025

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Borne : fouilles de sacs contre la possession d’armes. Bis repetita ?

La ministre de l’Éducation nationale vient d’annoncer une mesure que l’on n’attendait pas, compte tenu des nombreux problèmes qu’elle a à envisager avec une tout autre urgence, et surtout compte tenu des annonces faites il y a déjà une quinzaine d’années par Xavier Darcos et Nicolas Sarkozy.

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« Je souhaite qu'on puisse, avec le préfet, le procureur, le représentant de l'Éducation nationale, pouvoir organiser régulièrement des fouilles de sacs à l'entrée des établissements » et ce à partir du printemps, a déclaré Élisabeth Borne sur BFMTV/RMC. vendredi dernier. Ces « fouilles inopinées » seraient réalisées avec des « forces de l'ordre puisque ça ne rentre pas dans les prérogatives des personnels de l'Éducation » a précisé la ministre, qui s’est dite inquiète d’ «un usage beaucoup plus répandu des armes blanches » chez les jeunes.

Retour en arrière. « Maire-Info » ( le ‘’quotidien d’information des élus locaux’’ ) du 28 mai 2009 : « Lutte contre l’introduction d’armes dans les établissements scolaires : l’ARF et l’ADF très réticents »

« Le ministre de l'Education nationale Xavier Darcos a reçu hier les représentants des chefs d'établissements scolaires, de collectivités locales (Association des régions de France - ARF - et Assemblée des départements de France - ADF) et des parents d'élèves, pour discuter des mesures qu'il propose afin de lutter contre l'introduction éventuelle d'armes dans les établissements scolaires. Le ministre a rappelé ses propositions : fouille des élèves, installation de portiques, mise en place d'« force mobile d'agents’’ pouvant intervenir dans des situations d'urgence [...]. Nous avons un ‘’désaccord fondamental avec les propositions du ministre », a expliqué le président de la commission éducation à l'ARF et président socialiste de la région des Pays de la Loire, Jacques Auxiette. « En voulant mettre en place des systèmes policiers à l'intérieur des établissements, il a une attitude indigne d'un ministre d'un pays qu'on considère encore comme le pays des droits de l'homme et des droits de l'enfant. » Le président socialiste de l'ADF Claudy Lebreton s’est dit ‘’très circonspect par rapport aux mesures ; et pour la plupart de mes pairs, il y a une vraie hostilité. Ce ne sont pas selon nous, les bonnes mesures pour enrayer la violence scolaire. Ce sont des mesures de communication. Ce sont bientôt les élections européennes et comme par hasard le thème de la sécurité est en train de s'inviter par ce biais là dans la campagne électorale’’, a-t-il souligné »

Le lendemain de cette réunion,, le président de la République Nicolas Sarkozy se fend d’une longue Déclaration sur les « efforts en faveur de la sécurité des Français » en présence des « principaux acteurs de la chaîne pénale et de l’Éducation nationale ». Les passages sur le sujet qui vient d’être revisité de façon impromptue par Élisabeth Borne vendredi dernier, une quinzaine d’années après, méritent d’être rappelés.

« Les violences en milieu scolaire sont une autre forme, non pas de l'incivilité, terme bien trop faible, mais de délinquance, du crime voire de la barbarie. Le 10 mars, une vingtaine d'individus encagoulés, porteurs de bâtons et de barres de fer, ont fait intrusion dans le lycée Jean-Baptiste Clément de Gagny. Au cours de cette agression, ils ont saccagé les lieux, blessé quatre personnes, une assistante d'éducation et trois lycéens. Quelques jours plus tard, c'est le proviseur de Garge-lès-Gonesses qui est blessé en portant courageusement secours à un lycéen frappé à coups de marteau. Dans la seule journée du 15 mai, une collégienne de cinquième est blessée par un coup de couteau au collège Saint Gabriel de Tourcoing ; trois lycéens du LEP Thomas Jean Main de Limoges sont évacués par le SAMU après une agression à coups de matraques et de barres de fer ; un élève du collège Capouchiné de Limoges échappe à un tir à l'arme à feu. Et à Fenouillet, une enseignante est gravement blessée par un élève âgé de 13 ans. Nous assistons donc à une banalisation de la présence et de l'usage des armes dans les établissements scolaires. J'entends les bonnes consciences qui crient au scandale quand le ministre de l'Éducation nationale Xavier Darcos propose d'installer des portiques de sécurité à l'entrée des établissements et des fouilles d’élèves. Bien sûr qu'il est regrettable d'en arriver là ; mais comment agir autrement dans un tel contexte ? [...]

Il n'est pas question de tolérer la présence d'armes dans l'enceinte des établissements scolaires. Les personnels de direction et d'encadrement devront à l'avenir disposer des moyens de s'assurer que les élèves ne transportent pas d'armes. À cette fin, ils recevront une habilitation spécifique qui leur permettra de faire ouvrir les cartables et les sacs, et si l'élève détient une arme, d'en tirer toutes les conséquences. Mesdames et messieurs je le dis avec gravité. N'oublions jamais que le 11 mars dernier à Winnenden, en Allemagne, il y a eu 17 morts dans un établissement scolaire. Chacun d'entre nous est donc placé devant sa responsabilité. Chaque recteur pourra disposer d'une équipe mobile d'agents, formés dans ce but, qui viendront épauler sur un plan pédagogique les chefs d'établissement en cas de difficulté ponctuelle relative à la discipline dans un lycée ou un collège ».

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