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Billet de blog 26 avril 2017

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Jeanne d'Arc: ça va encore être sa fête?

Le «patriotisme» se porte bien ; mais est-il porté de la même façon ? Le 8 mai 2015, Marine Le Pen a pris une nouvelle fois ostensiblement Jeanne d'Arc dans son jeu. Et le 1er mai dernier, Emmanuel Macron a repris la formule de l'historien Michelet « Jeanne d'Arc : une vivante énigme ! » à son compte, voire peut-être pour lui-même.

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Dès le soir du premier tour des présidentielles, on a assisté à un premier assaut de ''patriotisme'' entre les deux candidats :

En début de soirée, Marine Le Pen  a déclaré « vouloir être la présidente de tout le peuple de France, des patriotes face à la menace terroriste »

Moins d'une heure plus tard, Emmanuel Macron a déclaré à son tour et à sa façon « vouloir être le président de tout le peuple des patriotes face à la menace des nationalismes ».

Les discours pour la fête de Jeanne d'Arc à Orléans (à un an d'intervalle) ont été pour les deux présidentiables une occasion de roder publiquement leurs partitions respectives. Vont-ils la renouveler ? Se renouveler ? A voir.

Marine Le Pen à Orléans le 1er mai 2015 :

« Invoquer Jeanne d’Arc, c’est se souvenir de la plus extraordinaire héroïne de notre roman national. Si le Front National met à l’honneur la Pucelle d’Orléans chaque année, c’est qu’elle représente tous les principes que nous défendons ardemment. L’amour de la patrie, l’esprit de résistance, l’indépendance de la France, la soif de liberté, la défense de l’identité et de la sécurité des Français, le rassemblement des forces nationales.

Il n’y a qu’à regarder le monde hostile dans lequel nous évoluons pour noter que ces principes sont toujours d’actualité. Jeanne d’Arc est apparue quand la France était à genoux. Aujourd’hui, le peuple de France est confronté au terrorisme islamiste, au chômage de masse, à la pauvreté, à l’immigration massive et incontrôlée, à la gangrène du communautarisme.

Livrée à l’étranger par une partie de la haute noblesse, la France sera sauvée par une enfant du peuple. L’histoire de notre pays nous enseigne que les trahisons viennent d’en haut quand le peuple, lui, ne fait jamais défaut. Là où des généraux aguerris ont tous échoué, une jeune bergère de 17 ans va accomplir en 5 mois le miracle du redressement national.

Jeanne d’Arc est une icône française. Près de 6 siècles plus tard, ses exploits résonnent encore et son souvenir reste impérissable car il tutoie la légende et le merveilleux »

Emmanuel Macron le 8 mai 2016 à Orléans :

« Jeanne d’Arc c’est, comme l’écrivait Michelet, une vivante énigme. Nul ne détient la vérité sur elle, sur sa vie, sur sa mémoire. Nul ne peut l’enfermer […] Les grandes figures de l’histoire ne nous parlent pas. Elles n’ont jamais cherché à nous envoyer un message. C’est nous seuls qui les faisons parler. Nous seuls qui construisons leurs légendes et nous appuyons sur elles pour mieux nous comprendre […]

J’ai souvent imaginé, sans doute comme vous, les scènes que racontait mon livre d’histoire. Jeanne devant le roi, devant les grands capitaines, au milieu de son armée, Jeanne meurtrie, Jeanne blessée, mais n’abandonnant rien, donnant un irremplaçable témoignage de ce que peut la jeunesse du monde lorsqu’elle s’appuie sur la volonté bonne.[...] Elle sait qu’elle n’est pas née pour vivre, mais pour tenter l’impossible. Comme une flèche, sa trajectoire fut nette. Jeanne fend le système.

Jeanne d’Arc est beaucoup plus qu’elle-même ou que son époque. Elle contribue à forger l'identité française. Cette identité, c’est une langue, c’est un territoire, c’est une nation, c’est aussi le fruit de notre passé, car elle est faite de celui-ci. Mais ce n’est pas non plus une identité fixe ou fermée, car elle s’accomplit dans la France, elle s’accomplit dans l’Europe. C’est un projet sans cesse recommencé »

[ Un écho au « Cimetière marin » de Paul Valéry?

« Ce toit tranquille, où marchent des colombes

Entre les pins palpite, entre les tombes ;

Midi le juste y compose des feux

La mer, la mer toujours recommencée» ]

Jeanne d'Arc, elle, brûle de savoir comment cela va finir.

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