C’est du moins ce qui est mis en évidence dans le récent rapport de la Cour des comptes. Du coup, cela est révélé au grand public par une partie de la grande presse, même si on pouvait le savoir depuis l’enquête PISA menée en l’an 2000.
En se fondant sur les résultats des comparaisons internationales faites pour les pays de l’OCDE dans le cadre de PISA ( ‘’Programme international pour le suivi des élèves’’ ) à partir des tests administrés aux jeunes gens et jeunes filles de l’âge de 15 ans, notamment dans les domaines de la compréhension de l’écrit et de la culture mathématique, le diagnostic du rapport de la Cour des comptes est en effet sans appel. " La France – dit le rapport – se trouve dans la situation la plus défavorable de l’OCDE du point de vue de l’équité scolaire. Elle est – parmi 30 pays étudiés – celui où l’écart des résultats entre les élèves de statuts favorisés et défavorisés est le plus important, de l’ordre du double de celui du Japon, du Canada, ou de la Finlande ".
Cette comparaison est faite à partir des résultats des 10% des élèves de statuts les plus favorisés par rapport à ceux des 10% des élèves de statuts les plus défavorisés, aussi bien dans le domaine de la compréhension de l’écrit que dans celui de la culture mathématique.
Par ailleurs le rapport de la Cour des comptes de mai 2010, toujours en comparant les résultats des enquêtes PISA, mais cette fois-ci à six ans d’intervalle, à savoir celle de l’an 2000 et celle de l’an 2006, conclut à la tendance à l’aggravation de notre situation. " La France est parmi les pays les plus mal placés – dit le rapport - en ce qui concerne l’accentuation entre l’enquête PISA 2000 et l’enquête PISA 2006 des écarts de résultats entre les élèves de statuts favorisés et défavorisés. Le caractère inéquitable du système scolaire français tend à s’aggraver ".
Tout le monde sait bien, et depuis longtemps , que les résultats scolaires sont inégalement répartis en raison des statuts sociaux d’origine des uns et des autres. Et cela existe - plus ou moins – dans tous les pays. Mais que la France soit le pays de l’OCDE aux résultats scolaires les plus inégalitaires peut paraître des plus surprenants. En dépit ( ou plutôt à cause ? ) du fait que nous nous targuons d’avoir pour ambition " l’égalité des chances " ( versus " mérite individuel scolaire " ou " élitisme scolaire " ) ce qui, en bon français, signifie l’ambition affichée ( si ce n’est en voie d’être réalisée ) d’un recrutement socialement élargi des élites…
Mais dans les comparaisons internationales faites par PISA , il ne s’agit justement pas de l’accès ( scolaire ) à l’élite ( aux élites ) mais des compétences acquises à l’âge environ de la fin de la scolarité obligatoire, celle qui concerne tout le monde. L’ambition privilégiée ( en France ) de ‘’l’égalité des chances’’, de ‘’l’élitisme républicain’’ serait-elle peu favorable à l’ambition de résultats plus positifs et plus homogènes pour tous ? La question mérite d’être posée avec force, même si elle est difficile à traiter (et jusqu’alors plutôt à contre-courant, en France ).
En tout cas, les rédacteurs du rapport de la Cour des comptes n’hésitent pas à faire valoir que " les enseignements de PISA montrent que les pays qui obtiennent les meilleurs résultats ( Canada, Japon, Finlande, Suède …) ont le plus souvent mené des stratégies actives de lutte contre la difficulté scolaire, passant par un soutien systématique, par un tronc commun de longue durée, et par un financement privilégié de l’école primaire ".