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Billet de blog 26 déc. 2011

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Aux origines des vacances scolaires

Dans l’enseignement secondaire, les ‘’grandes vacances’’ (qui ne durent au début du XIX° siècle qu’un mois et demi) et la coupure de Pâques (une semaine) ont précédé de loin les deux semaines de Noël (qui ne sont apparues qu’en 1925). Au début du XIX° siècle, les ‘’grandes vacances’’ de l’enseignement secondaire allaient du 15 août au 1er octobre. Elles coïncidaient avec le temps de la chasse.

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Dans l’enseignement secondaire, les ‘’grandes vacances’’ (qui ne durent au début du XIX° siècle qu’un mois et demi) et la coupure de Pâques (une semaine) ont précédé de loin les deux semaines de Noël (qui ne sont apparues qu’en 1925). Au début du XIX° siècle, les ‘’grandes vacances’’ de l’enseignement secondaire allaient du 15 août au 1er octobre. Elles coïncidaient avec le temps de la chasse.
Comme l’a très bien expliqué l’historien Antoine Prost ( cf, par exemple, le billet de Sébastien Rome du 16 mars 2011 ) les nobles, en France, ne devaient pas produire ou commercer : cela aurait été ‘’déroger’’ à leur rang. D’où un mode de vie en alternance : en ville, dans leur hôtel particulier, à la mauvaise saison ; à la campagne, dans leur château, durant la belle saison. A leur tour, nombre de bourgeois ont cherché à vivre ‘’noblement’’. Prendre des vacances, c’était montrer que l’on était au-dessus des ‘’travailleurs’’, que l’on se ‘’distinguait ’’ d’eux. Ils ont acheté des maisons à la campagne pour y passer des ‘’ vacances’’.
En définitive, au XIX° siècle, les enfants de la bourgeoisie et de l’aristocratie ( qui étaient alors pratiquement les seuls à fréquenter les collèges et les lycées ) rejoignaient donc leurs familles en été pour participer non pas aux ‘’travaux des champs’’ ( ! ), mais aux réseaux de sociabilité qui se nouaient alors en particulier autour de la chasse ( la chasse est d’origine ‘’noble’’ ; c’était même un privilège sous l’Ancien Régime ).
A partir de l’établissement de la troisième République, les ‘’grandes vacances’’ de l’enseignement secondaire vont débuter de plus en plus tôt dans l’année ( et durer plus longtemps ).
En 1875, il est décidé qu’elles commenceront désormais le 9 août ; puis, à partir de 1891, le 1er août. Il y a alors deux ‘’rentrées’’ en réalité : celle du 1er octobre ( qui perdure ) ; et celle de Pâques ( une vraie rentrée, car il restait environ quatre mois de classe avant les ‘’grandes vacances’’ ). D’où la coupure de 6 jours juste après la fête de Pâques. En 1912, le début des ‘’grandes vacances’’ est avancé au 14 juillet ; mais elles durent toujours jusqu’au 1er octobre. On est donc passé de 1874 à 1912, d’un mois et demi de ‘’grandes vacances’’ à deux mois et demi.
En 1925, sous le ’’Bloc des gauches’’ s’ajoutent deux semaines de vacances à Noël ; et les vacance de Pâques passent d’une semaine à deux. Sous le Front populaire, des ‘’petites vacances’’ apparaissent : quatre jours en février, si Pâques est tard ; quatre jours à la Pentecôte, si Pâques est tôt.
En 1959, les grandes vacances sont déplacées dans leur ensemble de deux semaines : elles commencent plus tôt ( le 1er juillet) et finissent plus tôt ( à la mi-septembre ). Comme le premier trimestre s’est du coup allongé, il est décidé que 4 jours seront libérés à la Toussaint pour qu’il y ait une ‘’petite coupure’’. Treize ans plus tard, en 1972, (après les jeux olympiques d’hiver de Grenoble ) les vacances d’hiver sont instituées. Et, avec elles, le ‘’zonage’’ ( A,B,C ) pour favoriser le développement du tourisme et la circulation lors des grandes ‘’transhumances’’ afférentes. On n’arrête pas le progrès.
A partir de là, on entre dans la problématique bien connue du 7+2 ( 7 semaines de classe suivies de 2 semaines de vacances, un ‘’rythme’’ unanimement recommandé par les chronobiologistes), mais qui connaît bien des hauts et des bas ( moins de hauts que de bas, d’ailleurs) . Mais c’est notre ‘’modernité’’…
En définitive, la durée des vacances scolaires de l’enseignement secondaire a doublé sous la troisième République, passant de 8 semaines à 16 semaines. Depuis, leur durée globale est restée intangible, même si leur distribution dans l’année a varié de façon sensible.
Il faut savoir aussi que l’horaire hebdomadaire de classe dans les collèges et les lycées ne dépassait jamais 24 heures au début de la troisième République ( et avant ). Lorsqu’au milieu de l’entre-deux-guerres il a atteint les 26 heures ( en raison de l’augmentation des horaires en mathématiques et en sciences dans la plupart des sections ), on a parlé quasi unanimement de ‘’surmenage scolaire’’. Décidément, les temps ( les ‘’rythmes scolaires’’ ) ont bien changé…

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