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Billet de blog 27 août 2012

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Les Roms et l'Ami Fritz

Quid de la réunion interministérielle sur les Roms qui  a eu lieu mercredi dernier en présence notamment de Christiane Taubira ( ministre de la justice) et George Pau-Langevin  ministre  chargée de la réussite éducative) ?

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Quid de la réunion interministérielle sur les Roms qui  a eu lieu mercredi dernier en présence notamment de Christiane Taubira ( ministre de la justice) et George Pau-Langevin  ministre  chargée de la réussite éducative) ?
Il a été finalement convenu que si les opérations de démantèlement des campements illicites sont « pleinement légitimes, dès lors qu’elles interviennent en application d’une décision de justice ou pour mettre fin à une situation de danger ou de risque sanitaire immédiat (...), il revient également à l’Etat et à ses partenaires, notamment les collectivités territoriales, et en lien avec les associations, d’apporter une réponse globale, circonstanciée, adaptée à la situation des personnes et des familles concernées ».
Et il a été précisé qu’ « en ce qui concerne les dispositifs sociaux et sanitaires (...), ainsi que les questions de scolarisation, une mission interministérielle sera confiée à plusieurs inspections pour procéder à l’état des lieux des dispositifs existants et au recensement des expérimentations en cours et des bonnes pratiques ».  
Dans ce contexte quelque peu tourmenté, on me permettra d’évoquer un moment fort personnel, celui que j’ai connu à l’âge de neuf ans lorsque  j’ai eu l’occasion de parcourir pour la première fois un livre entier, « L’Ami Fritz » ( écrit par Erckmann et Chatrian, deux auteurs « républicains sous l’Empire », comme on disait ).
Mon père, après avoir été ouvrier agricole, était alors un petit commerçant ambulant. Ses fournisseurs étaient des industriels juifs ( dont il se moquait, sans grande agressivité pour autant ), et ses concurrents des colporteurs ‘’bohémiens’’ ( dont il parlait volontiers sans aménité ).
A mon grand étonnement, je sus très vite que le héros de l’histoire – le brave Fritz Kobus – avait comme vieil ami le rabbin David ( une bonne figure tutélaire ). Puis vint aussi, très vite, une page littéralement bouleversante pour moi.
« Un bohémien entra, les pieds nus dans des souliers troués ; il grelottait, et se mit à  jouer d'un air mélancolique. Fritz trouva sa musique très belle : c’était comme un rayon de soleil à  travers les nuages gris de l'hiver. Mais derrière le bohémien se tenait dans l'ombre le policier Foux, avec sa tête de loup à  l'affût, les oreilles droites, le museau pointu, les yeux luisants. Kobus comprit que les papiers du bohémien n'étaient pas en règle, et que Foux l'attendait à  la sortie pour le conduire au violon. C'est pourquoi, se sentant indigné, il s'avança vers le bohémien et lui dit : «Je te retiens pour cette nuit de Noël ». Ils sortirent donc au milieu de l'étonnement universel.  Foux, lui, les suivait en frôlant les murs. Le bohémien avait peur d'être arrêté, mais Fritz lui dit :«Ne crains rien, il n'osera pas te prendre ». Et il le conduisit dans sa propre maison ».
Il y avait donc de grands livres ; et ils pouvaient changer le monde. Peut-être…

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