Deux mesures viennent en tête des 14 propositions faites pour l'Ecole : « 1) Augmentation du temps scolaire : 27 heures en primaire, 32 heures en collège et au lycée, avec la possibilité de passer à 36 heures pour les lycéens ayant des options. L'augmentation du temps scolaire doit se faire sans augmenter le temps de travail des enseignants, déjà surchargés : plus de maîtres que de classes en primaire ; temps de concertation et de travail en équipe inclus dans le service de l'ensemble des personnels . 2) En finir avec les devoirs ou les cours particuliers qui envahissent le temps libre et la vie familiale : tout le travail scolaire doit se faire en classe »
Sébastien Laborde (membre de l'équipe de campagne de Fabien Roussel pour les questions d'éducation) a précisé nettement « l'objectif » : « ramener l'école à l'école. En allongeant le temps scolaire pour tous les élèves, et en recrutant massivement des enseignants, nous aurons la possibilité de mettre fin aux devoirs à la maison et de faire revenir la responsabilité de la réussite de l'élève à l'école. Aujourd'hui beaucoup trop de choses reposent sur les familles dont beaucoup sont en difficulté » ( in « Le Petit Journal » -Tarn et Garonne- du 4 février 2022).
Et de fait, un simple coup de projecteur dans le passé permet de prendre conscience d’un paradoxe qui devrait nous interpeller : la « massification » du secondaire s’est accompagnée de la quasi-disparition des études dirigées. Celles-ci constituaient pourtant un dispositif essentiel de l’enseignement secondaire sous les IIIe et IVe Républiques.
Bien que l’enseignement secondaire ne s’adressât alors pour l’essentiel qu’à une petite élite socioculturelle (moins de 5 % d’un classe d’âge sous la IIIe République, moins de 10 % sous la IVe), celui-ci comportait pourtant un fort dispositif d’études dirigées. Ces études étaient assurées par un corps de « maîtres-répétiteurs » en direction non seulement des élèves internes, mais aussi des demi-pensionnaires et des externes. Et ce corps a disparu (ainsi que la quasi-totalité du dispositif d’études dirigées) lors de la première vague de la « massification » de l’école, qui a d’abord concerné le collège au début de la Ve République.
Le moins que l’on pourrait faire pour l’avenir, ce serait de s’interroger sur le paradoxe de cette évolution, et reconsidérer les temps respectifs des cours et des aides aux apprentissages ou aux « devoirs » pour tous. Peut-être faudrait-il aussi s’interroger sur l’étonnante disparité qui perdure entre classes et entre élèves sur le temps consacré à ces lectures, exercices, rédactions, exposés ou révisions.
Il y a déjà une vingtaine d’années, l’inspecteur général Roger-François Gauthier dans son introduction au très intéressant numéro d’avril 2002 de la ''Revue internationale de Sèvres'' au titre significatif : Le travail des élèves au cœur des tensions de l’école le soulignait déjà : « Comment ne pas s’étonner de constater qu’alors que les horaires d’enseignement des différentes disciplines sont réglés au quart d’heure près au plan national à la suite d’infinis marchandages, le flou le plus complet règne en ce qui concerne le temps prescrit par les professeurs de ces mêmes disciplines pour le travail des élèves en dehors du cadre de la classe ?
Quel que soit le destin qui sera réservé dans l'avenir aux propositions de Fabien Roussel en la matière, elles ont au moins le mérite d'attirer l'attention sur un point quasi aveugle de notre système éducatif qui ne se préoccupe guère de penser le cadre et l'organisation du travail personnel de chaque élève et laisse pour l'essentiel l'encadrement de ce travail personnel aux aléas de familles socio-culturellement hétérogènes..