La remise en cause de la semaine de quatre jours (actuellement en œuvre dans plus de 95 % des écoles primaires) risque de ne pas aller très loin si l'on se focalise sur la question du mercredi.
Samedi dernier, le forum Enfant aujourd'hui, citoyen demain organisé à Montpellier par le Réseau des enseignants du primaire en résistance a réuni plus de 300 personnes au cours de cinq débats. Ses organisateurs «souhaitent maintenant que puisse se construire une véritable force collective de résistance à la déconstruction programmée de l'enseignement public, et que puissent émerger des propositions concrètes pour une école de qualité au service de tous les enfants afin qu'adviennent une société plus juste et plus équitable». Et, tout naturellement, l'un des cinq ateliers a été consacré à l'épineuse question des «rythmes scolaires».A la suite de la décision arrêtée l'an passé par Xavier Darcos de supprimer la classe du samedi matin, nous sommes en effet le pays d'Europe, et de loin, qui a le plus petit nombre de journées consacrées à l'enseignement dans le primaire : 142 sur 365 (contre environ 190 en Allemagne, Angleterre ou Finlande). En revanche, nous consolidons notre place de premier pour le nombre d'heures par jour d'enseignement : six heures, auxquelles s'ajoutent désormais en général une demi-heure pour les bénéficiaires de l'«aide individualisée». Curieux records, qui semblent défier tout bon sens pédagogique.En un siècle, on est passé de 223 jours de classe par an à 142, soit une diminution de plus du tiers des jours d'enseignement. D'abord par plusieurs augmentations successives du nombre de jours de vacances (en particulier deux semaines accordées dès le début des années 20, plus deux autres semaines supplémentaires sous le Front populaire à défaut d'augmentations salariales substantielles). Puis par la suppression de tout enseignement le samedi en deux temps : l'après-midi en 1969, et le matin en 2009.Cette suppression apparaît désormais comme un fait acquis. Le sondage CSA du 20 août dernier commandité par le SNUipp (le principal syndicat du primaire) indique que 57% des sondés (contre 50% il y a un an) considèrent que cette suppression de classe le samedi va «plutôt dans le bon sens», alors que seulement 37% des Français sondés considèrent qu'elle va «plutôt dans le mauvais sens». Mais le même sondage indique que «limiter les journées scolaires à 5H 30 de classe et répartir le temps scolaire sur quatre jours et demi (à savoir les lundi, mardi , mercredi matin, jeudi et vendredi)» serait «une bonne chose» pour les deux tiers des Français sondés, contre un tiers seulement qui considèrent que ce serait «une mauvaise chose». Par ailleurs un cinquième seulement des enseignants du primaire se déclarent favorables à la semaine de quatre jours, contre plus de la moitié qui lui sont hostiles.Est-ce pour cela que la circulaire de rentrée publié la semaine dernière par le ministère de l'Education nationale demande «aux recteurs et inspecteurs d'académie» d'être «attentifs à la gestion des rythmes scolaires» et d'«encourager l'organisation de la semaine en neuf demi-journées» (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) «chaque fois qu'elle rencontre l'adhésion».Mais cela risque d'être très problématique si l'on en juge par les votes qui ont eu lieu à ce sujet il y a quelque quinze ans. De juin à octobre 1994, 40000 conseils d'école (sur 55000 établissements) ont répondu à l'interrogation ministérielle de l'époque, François Bayrou étant ministre. Le maintien du statu quo (avec le samedi matin travaillé) a remporté 15 % des suffrages. Par ailleurs 20% des conseils n'ont pas hésité à jeter leur dévolu sur quatre jours de classe de 6 H 30... Mais le plus significatif a été que le report simple du samedi matin au mercredi a fait le plus mauvais score (4% des conseils...) alors que la libération du samedi matin avec le corollaire du raccourcissement des vacances scolaires a alors connu un franc succès : 40 % des conseils ! (D'autres montages à géométrie variable atteignant en tout les 21 % ).Une question à suivre de toute urgence. Encore une...Billet de blog 30 mars 2010
Le mercredi ou rien?
La remise en cause de la semaine de quatre jours (actuellement en œuvre dans plus de 95 % des écoles primaires) risque de ne pas aller très loin si l'on se focalise sur la question du mercredi.
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