«Cours le matin, sport l’après-midi» a été présenté comme «une petite révolution à l’essai» par certains journalistes. Mais cela a été déjà tenté il y a une quinzaine d’années, et sur une autre échelle, sans suite…
Sept mille élèves appartenant à 83 collèges et 41 lycées vont ‘’expérimenter’’ cette année un ‘’nouveau rythme scolaire’’ : ensemble des disciplines dites fondamentales durant la matinée ; les autres, et en particulier le sport, l’après-midi. Mais cela a déjà été expérimenté en France même, et sur une plus grande échelle, il y a une quinzaine d’années, dans l’enseignement primaire.
A la rentrée scolaire1995, dans un entretien télévisé sur France 2, le président de la République Jacques Chirac annonce que " sur la durée du septennat, il faut que nous ayons partout, en France, un système qui consacre le matin aux disciplines de la connaissance traditionnelle, et l’après-midi aux disciplines sportives et aux disciplines de la sensibilité ".
Guy Drut, ministre de la Jeunesse et des Sports, lance à partir de l’automne 1995 une expérimentation dans 170 ‘’sites pilotes’’ . Selon l’évaluation de ces premières expériences qui ont concerné plus de 100000 élèves du primaire, la semaine de cinq jours avec au moins trois après-midi consacrés aux activités artistiques ou sportives a eu des effets bénéfiques sur le comportement des enfants " plus attentifs en classe et plus épanouis ". Mais il n’a pas été possible de mettre en évidence une amélioration de leurs résultats scolaires.
Guy Drut conclut que " le passage de l’expérimentation à la généralisation demandera au Parlement de légiférer. Un projet de loi devra être déposé avant la fin de l’année 1997. Tout d’abord pour donner un nouveau cadre à l’aménagement du temps scolaire, quotidien, hebdomadaire et annuel ; ensuite pour donner un statut aux intervenants ".
Mais l’échec de la majorité présidentielle aux élections législatives de juin 1997 ( à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale ) ôte à Jacques Chirac et à son fidèle Guy Drut la possibilité de légiférer.
Le ministre de l’Education nationale suivant, Claude Allègre, ne reprend pas le flambeau ; car il se préoccupe avant tout – dit-il - de la question du progrès des résultats scolaires.
Nous sommes finalement un beau pays, où l’on peut – sans vergogne ( et sans mémoire ) - présenter comme une nouveauté ( voire une ‘’petite révolution’’ ) ce qui a été tenté ( certes dans un autre degré scolaire, mais à une plus grande échelle ) il y a une quinzaine d’années.
Surtout, cela peut aller au devant du désir du maître en donnant à croire que l’on va dans le sens de la réalisation de l’une des promesses du projet pour la législature de 2007-20012 : " Permettre à tous les parents qui le souhaitent de choisir pour leurs enfants un établissement réservant l’après-midi aux activités sportives, culturelles ou associatives ". Qu’on s’en souvienne ; et qu’on se le dise !