CLAUDE PATFOORT

Retraité, salarié chez Renault de 1976 à 2015 militant CFDT ouvrier profesionnel (entretien) puis analyste de coûts

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Billet de blog 21 septembre 2015

CLAUDE PATFOORT

Retraité, salarié chez Renault de 1976 à 2015 militant CFDT ouvrier profesionnel (entretien) puis analyste de coûts

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Chapeau bas Monsieur le Président de l'Alliance Renault-Nissan !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Carlos Ghosn a-t-il privilégié le constructeur japonais Nissan au détriment du constructeur français Renault ? 

Sur  internet chacun peut visionner sur le site renault.com/assemblée générale 2015, « l’échange » que j’ai eu à ce propos avec le PDG lors de l’Assemblée générale des actionnaires Carrousel du Louvre Paris le 30 avril 2015. 

Un débat dépassé ?

 Le temps n’est plus à comparer les deux écuries[1]. Aujourd’hui le débat est ailleurs[2]. Pendant quinze ans, les dirigeants de Renault nous ont expliqué  que la stratégie suivie était dans la droite ligne de l’accord de mars 1999, qui a donné naissance à : 

« Une alliance d’un type unique, composée de deux entreprises distinctes liées par une communauté d’intérêts et unies pour la performance. Les mécanismes de l’Alliance ont été conçus pour veiller au maintien des identités de marque et au respect de la culture de chacune des deux entreprises[3] » 

Que devient l’alliance entre Renault et Nissan ? 

La création des directions convergées est un tournant important pour l’Alliance. Le mécano choisi n’est pas sans conséquence sur la structure de l’Alliance. Avant cette décision, peu ou pro chaque constructeur gardait la « main » sur son appareil industriel et sa direction opérationnelle. Dorénavant « si Renault et Nissan restent des sociétés distinctes, chaque fonction est dirigée par un Directeur commun à l’Alliance »[4] . Les deux groupes ont leur destin plus que jamais lié, si effectivement l’appareil industriel de Nissan à largement pris le pas sur celui de Renault, les centres de décisions sont officiellement transférés tant pour Nissan que pour Renault vers cette entité rattachée à la filiale RNBV qui gère l’Alliance. 

FUSION ou FISSION? 

L’Alliance Renault Nissan était à l’origine l’addition des résultats de deux sociétés, distinctes l’une de l’autre, unies dans un partenariat stratégique, à travers une filiale commune RNBV. Ce partenariat stratégique lassait les deux sociétés indépendantes l’une de l’autre voire concurrentes. 

Avec les directions convergées les principales activités : achats, production, logistique, ingénieries et accessoirement les ressources humaines sont sous un management commun intégré à la filiale commune. Cette dernière se substitue aux deux constructeurs en prenant le contrôle opérationnel de l’ensemble. Si chaque groupe garde son individualité, il ne lui reste  de son identité de constructeur que le logo. Il devient l’un des membres d’un groupement de marques « managées » par RNBV. La création de la «  division de l’Alliance, Recherche et ingénierie avancée (R&AE) » clôt le mythe engendré par l’accord du 19 mars 1999, celui de deux sociétés distinctes. 

Le sentiment qui prévaut est qu’à défaut d’avoir pu « rééquilibrer les participations croisées au profit de Nissan » le PDG de l’alliance ait contourné l’obstacle et donné à l’Alliance, en fait à RNBV le contrôle des deux groupes. Sous un autre angle ne pouvant fusionner les deux groupes, Carlos Ghosn a décidé de s’en affranchir et de les désintégrer.

 Toute l’habileté de Monsieur Ghosn aura été de créer à partir de l’Alliance hier lieu d’échange et de concertation entre Renault et Nissan un nouvel «  outil commercial pragmatique et flexible, à même d’évoluer et d’intégrer de nouveaux projets et partenaires dans le monde entier » selon l’orientation inscrite dans le document de l’assemblée générale des actionnaires du 30 avril 2015. Les accords dits de partenariat avec MERCEDES pour lesquels c’est l’Alliance Renault-Nissan qui est l’interlocuteur et non les constructeurs en leur nom propre, en sont l’illustration. Accessoirement la dilution de Renault « règlera » le diffèrent entre Carlos Ghosn et l’Etat français …

 Chapeau bas pour ce tour de passe-passe, Monsieur le Président ! 

Claude PATFOORT  septembre 2015                                                                                                            


[1] Disséquer les raisons pour lesquelles le Conseil d’Administration de  Renault s’est laissé dépouiller de ses prérogatives dans le cadre de l’Alliance devient, avec le temps une question pour « énarques ».  Ce qui ne doit pas nous faire oublier qu’en 1999 Renault a évité à Nissan la faillite ; d’un niveau comparable en 1999, aujourd’hui le japonais « pèse » deux fois plus que le français. 

[2] Le texte qui suit est repris de notre blog RENAULT-SRTAcdu 27 avril 2015  « Une nissanalisation rampante 

[3] Document de référence Renault, 2012, p.223.

[4] www.media.blog.alliance-renault-nissan.com

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