CLAUDE PATFOORT
Retraité, salarié chez Renault de 1976 à 2015 militant CFDT ouvrier profesionnel (entretien) puis analyste de coûts
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Billet de blog 23 août 2022

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AFFAIRE GHOSN UNE MANIPULATION

l’« Passent les jours et passent les semaines » et … l’affaire Carlos Ghosn sombre dans oubli. Sauf retournement de situation nous ne connaîtrons pas de sitôt la vérité sur les accusations qui ont conduit celui-ci vers la déchéance.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Passent les jours et passent les semaines » et … l’affaire Carlos Ghosn sombre dans l’oubli. Sauf retournement de situation nous ne connaîtrons pas de sitôt la vérité sur les accusations qui ont conduit celui-ci vers la déchéance. Du vacarme médiatique qui a accompagné sa chute, subsiste l’impression que la société de Yokohama serait la victime innocente de malversations orchestrées par son ancien dirigeant sous le regard passif, si ce n’est intéressé, de son partenaire de Billancourt.

Cette  vision est largement partagée. J’ai un point de vue différent.

Dans mon livre l’affaire Carlos Ghosn, une incompétence partagée, publié au éditions Nombre7 j’avance l’hypothèse que « l’affaire Carlos Ghosn » est une manipulation dont a fait les frais Renault. .Les origines de l’affaire reposent sur la remise en cause par le fisc japonais, en 2018, d’une transaction passée entre la société Nissan et son PDG, qui aurait eu pour effet de transgresser une loi  japonaise de 2010, renforçant la transparence sur la rémunération des patrons. C’est à partir de cette dénonciation que les ennuis de Carlos Ghosn commencèrent

En 2010, le pouvoir de  Carlos Ghosn est à son apogée. Rien ne semble lui résister. L’avidité de celui qui était le PDG commun à Nissan et à Renault n’était pas un mystère. Il pouvait compter sur des conseils d’administration dociles pour répondre à son addiction salariale. Dans ce cadre le constructeur nippon  cherchait, pour son dirigeant un « moyen légal » pour le dissuader de rejoindre une autre  entreprise où il aurait été mieux payé. Eviter toute publicité gênante, ne pas se fâcher avec Renault, répondre aux exigences salariales de Carlos Ghosn. Selon la thèse des procureurs, l'ex-patron aurait été pendant des années l'ordonnateur d'une double comptabilité, tenue au yen près, en prévision de compensations différées à verser après sa retraite...

En 2018, cet arrangement a été contesté par le fisc japonais qui ira devant les tribunaux. Ce qui enclenchera « l’affaire Carlos Ghosn ». Ce dernier et la société Nissan sont donc accusés par le fisc japonais d’avoir illégalement et sciemment falsifié les rapports boursiers annuels du constructeur automobile de 2010 à 2018. Pour le même motif est inculpé Greg Kelly ancien responsable des affaires juridiques de Nissan.

L’existence d’un arrangement entre le constructeur asiatique et son PDG est confirmée par des sources internes.

Lors du procès des salariés de Nissan, ont reconnu avoir travaillé sur une façon « légale » de rémunérer davantage M. Ghosn.

Le cadre chargé de superviser les rémunérations de la direction chez Nissan a fourni des pièces compromettantes aux enquêteurs pour prouver comment Nissan avait manigancé afin de payer Ghosn à la hauteur de ses attentes sans que les sommes encaissées ou à venir soient intégralement rendues publiques.

Au cours de l’été 2019, dans les colonnes d’un journal, Kelly a assuré qu’Hiroto Saikawa, celui qui fut nommé PDG de Nissan était parfaitement informé du système de rémunérations décalées mis en place pour Carlos Ghosn.

Parlant de Carlos Ghosn, Kelly a déclaré : « Nous essayions de protéger Nissan de manière légale afin de conserver un exécutif de talent… ». 

Cette décision fait l’objet d’un appel.

Le point essentiel est que nous ayons ici la confirmation de l’existence d’un accord entre Nissan et l’ex-PDG de l’Alliance avec l’apparition d’une « culture d'entreprise dysfonctionnelle. Le complot dénoncé par Carlos Ghosn s’apparente à un contrat non respecté par Nissan le « partenaire de Renault ».

L’administration japonaise était-elle partie prenante de la transaction ? La question se discute. Mais il ne fait pas de doute que Renault a fait les frais de cette opération et que cet accord tacite n’a pas été sans influence sur les relations entre les deux constructeurs automobiles, et ce au détriment du Losange. L’ancien PDG valide cette thèse lorsqu’il écrit dans son livre le temps de la vérité, éditions Grasset à propos de ses relations avec Nissan et les instances étatiques japonaises

« Jusqu’en 2015-2016 il n’y avait pas de problème puisque : je parvenais à contrôler … l’Etat français ».

« Tout aussi secret que le précèdent (RAMA 1 ndlr) le nouveau protocole – qui règle les relations au sein de l’Alliance -  transforme de facto Renault en partenaire dormant chez Nissan ».

Il est fait allusion ici à la fronde orchestrée en 2015 qui verra Carlos Ghosn s’opposer frontalement à son actionnaire l’Etat français. Celui qui fut le représentant de l’Etat français  au sein de l’Alliance reconnaît implicitement que son attitude fut préjudiciable au constructeur automobile français, en des termes peu équivoques.

« Les Français avaient accepté l’émasculation (sic !) des prérogatives de Renault en tant qu’actionnaire majoritaire ».

Cet extrait du livre de l’ancien PDG est sans ambiguïté quant au double jeu de ce dernier. Nous ne sommes plus dans le cadre d’une alliance, mais dans celui d’une collaboration. A ce stade il n’est pas interdit de se demander si l’espion ne venait pas de l’intérieur ? 

La collusion entre Monsieur Carlos Ghosn et Nissan, mise à jour ici, n’efface en rien et n’est en aucun cas  une appréciation sur les accusations, qui restent à prouver, portées  à l’encontre de l’ancien numéro 1 de l’Alliance. De même reste entier la responsabilité des organismes de contrôle dont la défaillance chez les deux constructeurs est engagée.

Rappelons  simplement que les démêlés fiscaux ont opportunément mis à jour un comportement plus que douteux.

Le scénario que je développe est critiquable.  Pour quelle (s) raison(s) ce clash de Nissan ?  De fait, le japonais prenait l’ascendant au sein de l’Alliance, avec l’accord bienveillant de l’Etat français, alors. ?  la réponse je la donne dans mon livre. Carlos Ghosn, avait fait le job. A l’instar des milliers de salariés, il ne rentrait plus dans les plans de la filiale de Renaut qu’il avait sauvé de la faillite. Il devenais urgent de « rejaponiser » un fleuron industriel et d’effacer l’accord du 27 mars 1999. Réelle ou non la découverte de malversations permirent de régler le cas de Monsieur Ghosn.

L’impatience de Nissan renvoie à une date ultérieure la création de la holding.

Boulogne Billancourt le 24 août 2022

claude.patfoort@orange.fr

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