État français out, Carlos Ghosn in
D’avril à décembre 2015, le groupe Renault a été le théâtre d’un conflit opposant son premier actionnaire, l’État français, à son PDG Carlos Ghosn. Derrière les arguments des uns et des autres la raison profonde de cet affrontement est la volonté affichée du PDG de l’Alliance de revoir les participations croisées au bénéfice du japonais pour remettre en cause le leadership de l’Alliance en le transférant à Nissan, et inversement pour l’État de s’affirmer.
Pour sortir de la crise, Nissan et le gouvernement français sont parvenus à « un accord dit de stabilisation …. mûrement réfléchi (sic) qui doit encore être finalisé sur certains volets techniques ». A ce stade nous avons droit à une version moderne du plat de lentilles : « l’homme fort » de l’Alliance Renault-Nissan a très habilement exploité le contexte pour arriver à ses fins. Validé par le conseil d’administration, à l’unanimité, par cet accord non seulement l’État français renonce à intervenir dans une de ses filiales, ici Nissan, mais s’interdit de faire usage dans certaines conditions des droits attachés à sa représentativité dans la gestion de Renault. Et comble de tout, faisant fi de toute possibilité de recours, s’apprête en cas de litige à donner à la filiale le contrôle de l’Alliance !
Les réactions à cet accord sont significatives : « les observateurs japonais sont ravis de voir le constructeur japonais consolider son indépendance ». Au Japon, les médias et les élites voient dans le compromis une victoire de Nissan contre une influence française, forcément suspicieuse. « Suivant régulièrement le dossier, le « Nikkei », l’influent quotidien économique, a ainsi retenu du bras de fer que « le gouvernement français avait accepté de ne plus se mêler au management de Nissan ».[1]
Un Conseil d’Administration de Renault aux ordres de Nissan
Ce qui est stupéfiant c’est de constater que dans son unanimité le conseil d’administration de Renault a servi « la soupe » à Nissan. Hormis les représentants de celui-ci (dont le PDG de Renault ?) qui font leurs « job » pour les autres membres du CA quels motifs justifient l’acceptation de cet accord de stabilisation ? pourquoi cette capitulation : par naïveté, incompétence, ou cupidité ….. ?
La prochaine assemblée des actionnaires de RENAULT devrait-être une formalité pour son PDG. Ce bilan Monsieur GHOSN saura, n’en doutons pas, le partager avec le conseil d’administration de Renault lequel peut être associé à la bonne gouvernance du groupe NISSAN, dont il a su représenter les intérêts, que cela soit au détriment du groupe RENAULT ne semble pas l’émouvoir.
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Claude PATFOORT le 24 mars 2016 contact@renew.srta
[1] Les Échos pour ces citations
[2] Lhttp://www.magazine-decideurs.com/rss/e