Je crois qu'il serait temps de se rendre compte que toutes ces attaques contre les EnR et contre toute idée de transition énergétique, dans la mesure où celle-ci dérange les positions établies, que ce soit en termes de pouvoir décisionnel ou en termes économiques, s'inscrit dans un mouvement plus vaste de contestation et de déligitimation des idées novatrices et des évolutions sociétales.
Il ne fait pas aller bien loin pour trouver les similitudes dans les soubassements idéologiques entre les contestations et les délires qui sont en train de s'emparer de notre société. Je n'hésite plus, pour ma part, à analyser le rapport ANCRE (http://ww2.cnrs.fr/presse/communique/3407.htm) et autres foutaises comme une variante du mouvement "Manif pour tous" ou la récente et nauséabonde affaire de l'appel à boycott de l'école par ceux qui dénoncent l'enseignement d'une prétendue "théorie du genre".
Nous sommes en présence d'un réveil violent de l'idéologie réactionnaire, partie comme en 1981 d'un principe viscéral et savamment entretenu par certains hommes politiques (voir les déclarations récentes du maire de Nice) établissant que la gauche n'a aucune légitimité pour nous gouverner. Elle ne peut être qu'usurpatrice, et toute avancée sociale ou sociétale portée par elle sera vécue comme insupportable.
Le racisme, l'antisémitisme, le sexisme ne sont plus considérés comme honteux ou condamnables et s'étalent au grand jour à force de slogans ou de spectacles prétendument anti-système. Enseigner l'égalité entre les sexes à l'école donne lieu à des réactions d'indignation, appelant à manifester ou à boycotter l'école et répandant toute sortes de rumeurs malveillantes prétendant que les instituteurs apprennent aux enfants à se masturber ou bien le délire de la "théorie du genre" enseignée à l'école qui ferait l'apologie du féminisme et la promotion de l'homosexualité.
Comment ne pas faire le parallèle entre ces positions délirantes et les rapports sur la politique énergétique qui se suivent et se ressemblent, s'appuyant sur des mensonges ou des analyses biaisées, labellisées et présentés comme parole d'évangile puisque émanant de nos élites technocratiques. Notre pouvoir politique est paralysé et n'ose pas dénoncer les conflits d'intérêt résultant d'une collusion entre les aristocraties de grands Corps et syndicale - si tant est qu'il en mesure la nuisance ou qu'il en ait envie.
Le souci est que, à force de laisser faire et se laisser submerger par une bande d'agitateurs réactionnaires et rétrogrades, notre société va droit vers une violence incontrôlable : je crains qu'il ne faille s'attendre à des événements sanglants (je pèse mes mots).
J'exagère ? Comment comprendre que notre gouvernement :
- se soit laissé mépriser par une bande de cégétistes empêchant à son émissaire l'accès à Fessenheim ?
- Ou laissant sans réponse les lettres rédigées par l'amicale des directeurs de centrales nucléaires demandant de revenir en arrière sur la décision de fermeture ?
- Ou permettant à certains parlementaires - de sa propre majorité ! - donner des conférences pour disqualifier le choix clairement exprimé par la majorité issue des urnes ?
La transition énergétique, que ce soit dans sa composante décentralisatrice ou dans la révision du mix de production, ou bien, comme en Allemagne - horresco referens - dans ses mutations participatives, est la cible de tous les conservatismes régissant le modèle énergétique français depuis la Libération. Notre scénario nW sera de plus en plus désigné à la vindicte populaire ("MJ n'est pas n'importe qui") comme le sont sur d'autres registres les textes ou les auteurs d'avant-garde théorisant les évolutions sociétales à l'oeuvre.
Malheureusement les Ayrault (et son aéroport), Montebourg (et ses GDS), Valls (et ses Roms), Cazeneuve (et son MOX), Moscovici (et ses banques) etc. ne sont pas du tout à la hauteur des défis actuels, asservis qu'ils sont aux promoteurs ou défenseurs zélés des schémas du passé : Gattaz, Bataille, Bigot, Lauvergeon, Oursel, Proglio et j'en passe ; laissant le champ libre aux réacs de tout poil.
Sans un vigoureux sursaut citoyen en défense de valeurs d'une démocratie digne du 21ème siècle, notre pays connaîtra une malheureuse régression nous ramenant 75 ans en arrière.