Certains commencent déjà à réaliser l'aberration du résultat de ces élections, où l'on commence à flairer la choc ultra-libéral qui se dessine, car au-delà du discours disruptif porté durant la campagne, et qui a séduit tant de jeunes désabusés de la politique traditionnelle et la faillite économique du pays, ce qui est en train de se produire par l'inévitable jeu des alliances auquel Javier Milei était condamné, c'est un retour en force de la droite traditionnelle et autoritaire qui s'apprête à saigner les classes populaires au nom de l'orthodoxie économique.
Le tout mâtiné de mesures ultra réactionnaires et révisionnistes, comme l'interdiction de l'IVG, la légalisation de la vente d'organes, la suppression de toute aide sociale, la privatisation de tout ce qui peut l'être et la réhabilitation de la période sombre de la dictature militaire, avec la contestation révisionniste des massacres et disparitions de 30.000 opposants (ou supposés tels) entre 1976 et 1983.
Rien de tout ça ne serait possible sans l'appui de la droite traditionnelle et conservatrice, avec laquelle Milei vient de faire alliance.
Un article de Médiapart que je viens de lire fait froid dans le dos. Interviewant un sociologue argentin résident en France, l'article commence par une interrogation qui part de la citation funeste du nouveau président, déclarant sur un plateau télé en 2016 :
Comment un homme qui a notamment affirmé que « l’État est un pédophile dans une école maternelle avec des enfants enchaînés et enduits de vaseline » a-t-il pu prendre les rênes de l’État argentin ?
Et le chercheur ajoute :
Milei est parvenu, à l’instar d’Ayn Rand, à incarner une utopie capitaliste. Il n’était pas le seul, évidemment, à défendre le capitalisme, mais on n’avait jamais vu quelqu’un le défendre ainsi, en affirmant que la justice sociale était une monstruosité, les impôts une survivance de l’esclavage, et l’évasion fiscale un droit de l’homme.
Quand il apparaît sur les plateaux télé, en 2016, Milei peut prononcer des phrases comme « l’État est un pédophile dans une école maternelle avec des enfants enchaînés et enduits de vaseline » ou affirmer qu’il préfère la Mafia à l’État car celle-ci a des codes, respecte ses engagements et est compétitive.
Après ça, je ne sais pas s'il y a quelque chose à ajouter.