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Billet de blog 21 décembre 2012

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Paris tremblerait-elle ? Oui, mais d’indignation.

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Paris tremblerait-elle ? Oui, mais d’indignation.

Parmi les justifications dont les partisans de l’énergie nucléaire nous ont habitué ces 40 dernières années - dont la plus comique est celle d’une production non dangereuse pour l’environnement puisque faite en absence d’émissions de gaz carbonique, ce qui donna lieu à l’invention du néologisme « décarboné » ; ou bien la requalification des organismes publics s’occupant d’énergie avec l’adjectif « nouvelles » pour parler de leurs activités liées à l’atome -, il y en a une qui dépasse toutes les autres en grosseur de ficelle.

Elle a été proférée le 6 décembre lors d’une conférence parlementaire à la Maison de la Chimie par un Haut Fonctionnaire du Commissariat Général à l’Investissement pour tenter de justifier que ne soit pas pris en compte le coût des assurances par l’activité de production électronucléaire. Ce qui permet d’éviter l’intégration de ce coût dans le prix de l’électricité produite par les centrales atomiques.

Ainsi donc, si nous suivons ce normalien et membre du Corps des Mines, cette activité ne serait pas susceptible d’être assurée car elle relèverait d’une espèce de fatalité comparable à… « celle d’un séisme à Paris » (sic).

On ne peut qu’être abasourdi par tant de mauvaise foi, dont le cynisme transpire le mépris. Que faut-il comprendre d’une telle analogie ?

Passons sur les éléments factuels qui ne résistent pas un instant à l’analyse, entre l’accident majeur, événement qui s’est déjà produit trois fois en quarante ans, et le séisme en plein cœur d’un bassin sédimentaire (on peut être ingénieur des Mines et ne rien connaître à la géographie ni à la géologie), alors que Paris n’a pas connu un tel épisode de mémoire d’homme.

Faire cette analogie équivaut à un aveu inconscient de la gravité du risque qui peut s’attacher à l’activité nucléaire. Comparable en ampleur à un tremblement de terre en plein Paris. Sauf que le premier présente infiniment plus de probabilités de se produire : 3 fois en 40 ans au lieu de… jamais.

Mais ce qu’il y a de plus incroyable dans ce raisonnement est la persistance chez nos technocrates de l’idée que l’accident majeur s’apparente à une catastrophe naturelle. Nos dirigeants et leur Haute administration continuent de penser que Fukushima l’a été. Nulle trace dans leur pensée de la responsabilité des décideurs japonais de placer une centrale sur une faille sismique (comme à Fessenheim), au bord d’une côte sujette à tsunamis fréquents.

Comme si la perte de refroidissement du cœur d’un réacteur pouvait ne résulter que de la colère des Dieux ; alors que, en France même, nous l’avons frôle à plusieurs reprises, que ce soit à Saint Laurent des Eaux ou à Blaye.

Bref, la morgue avec laquelle nous est justifiée l’impossibilité d’assurer l’activité de production d’électricité à partir de la fission de l’atome, activité pourtant très largement répandue à travers tout l’Hexagone, ne peut susciter que la colère et l’indignation des citoyens exposés à ces risques par la volonté de quelques-uns.

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