Les événements de ces dernières semaines - qu'on les appelle incidents ou accidents, peu importe -, montrent enfin que quelque chose de pourri mijote dans le royaume du nucléaire français.
Le plus remarquable dans cette série de mauvaises nouvelles (eh oui, elles sont mauvaises !) c'est qu'elle nous permet de comprendre facilement qu'elle n'a rien d'une série noire. Mais que, au contraire, ce n'est qu'une ouverture permettant de voir l'ampleur des mensonges entourant la soi-disant sûreté nucléaire.
Et le mérite de cette ouverture sur cette réalité nauséabonde est qu'il va pouvoir permettre au plus grand nombre, enfin, d'ouvrir les yeux sur ce qui ressemble de plus en plus à la chronique d'une catastrophe annoncée.
Dès que le public commencera à réaliser un tant soit peu l'ampleur des risques encourus, il y a fort à parier que le citoyen lambda, jusque là acceptant sans rechigner, voire défendant avec conviction, le diktat énergétique imposé à la nation, celui-là même qui constituait jusque là le plus précieux allié de cette filière industrielle, sera le plus farouche adversaire car il sera mu par la peur.
Non pas cette fois la peur de manquer d'électricité, systématiquement brandie par les (ir)responsables de la politique énergétique de la France, mais une peur bien plus tenace et concrète : celle de mourir à petit feu par les diverses contaminations auxquelles il se sentira exposé, à tort ou à raison.
Il serait alors judicieux, dans un but tout à la fois informatif que militant - ce qui n'a rien d'antinomique - de préparer une carte détaillée de France des contaminations, avérées ou soupçonnées : autour de toutes les installations radioactives civiles ou militaires. Carte des cours d'eau, géologie, hydrogéologie, atmosphère... (liste à compléter).
Un tel document, renseignant les habitants ou les touristes, mis à la disposition d'un large public, pourrait devenir un véritable outil subversif, une bombe à retardement influant sur le prix de l'immobilier ou des AOC, par exemple. Sur la valeur touristique des sites ou celle du maraîchage d'échelle (le Lot et Garonne et sa centrale de Golfech).
Que vaudra-t-il le vignoble du Blayais, par exemple, après la diffusion et l'instillation de l'information contenue dans une telle carte ?
Que valent les produits agricoles de la plaine du Tricastin depuis le 8 juillet ?
La traçabilité sera (devra être) exigée et les provenances clairement affichées.
On verrait alors se dessiner un nouveau visage sur la carte de France, un visage reflétant une autre réalité que celle qui nous a été vendue depuis les années soixante-dix, le vrai visage d'une France hypothéquée, dangereuse et sournoise.
Il sera alors temps de faire les comptes et calculer le vrai coût du KW/h d'origine nucléaire.
En tant que géographe et cartographe, je me tiens à la disposition de ceux qui voudraient travailler à la mise au point d'un tel document.
Par militantisme revendiqué.
A nous de réfléchir et de nous donner les moyens de faire monter la mayonnaise.

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Billet de blog 31 juil. 2008

Il est temps de faire une carte
Les événements de ces dernières semaines - qu'on les appelle incidents ou accidents, peu importe -, montrent enfin que quelque chose de pourri mijote dans le royaume du nucléaire français.