Au cinquantenaire de sa mort, un petit In Memoriam Quatrième République. De quoi est-elle morte, la pauvre ? Etait-ce comme disait CDG le 15 Mai (voir le papier d’Antoine Perraud) parce que : « La dégradation de l’État entraîne infailliblement l’éloignement des peuples associés, le trouble de l’armée au combat, la dislocation nationale, la perte de l’indépendance. Depuis douze ans, la France, aux prises avec des problèmes trop rudes pour le régime des partis, est engagée dans ce processus désastreux. «
Pour de Gaulle, le régime des partis, incapable de résoudre les problèmes de son époque aurait ainsi été responsable de la dégradation de l’Etat et de l’éloignement des peuples associés, (périphrase habile pour décrire le processus de décolonisation)
C’est pourtant un gouvernement de la 4éme République qui a mis fin à la guerre d’Indochine et réglé le contentieux franco-tunisien avant d’être renversé par la coalition du PCF et du RPF, parti gaulliste.
Par contre, la Cinquième République ne s’est pas débarrassée des partis, surtout pas du parti gaulliste. Elle a poursuivi l’éloignement des peuples associés en commençant par l’indépendance de l’Algérie.
Sous la quatrième il n’y avait malheureusement pas, pour une Assemblée qui retirait sa confiance au gouvernement, d’obligation de se dissoudre et de se représenter devant les électeurs. L’absence d’un tel garde-fou démocratique était la cause des crises ministérielles à répétition et des recombinaisons d’intérêts personnels à l’abri de la sanction du suffrage universel. D’où l’impuissance des gouvernements successifs et éphémères. Mis à part ce grave vice de construction, la Constitution de la quatrième République fondait un vrai régime parlementaire, avec un Président qui préside et un gouvernement qui gouverne.
En comparaison, la Cinquième est un vrai-faux régime parlementaire où le président nomme et démet le gouvernement responsable devant l’Assemblée, peut même dissoudre celle-ci tout en jouissant d’un statut d’irresponsabilité. Le vrai chef du gouvernement, c’est lui, ce qui justifie une équipe de conseillers de l’Elysée comparables en nombre et en influence aux membres du gouvernement. Ces conseillers ne doivent leur position qu’à la faveur du Prince – pardon, du Président- et non au suffrage universel.
En résumé, sous une apparente stabilité liée à l’inamovibilité du président, la Cinquième République est encore plus dénuée de garde-fou démocratique que la quatrième. Son fonctionnement, pour parler comme dans les écoles de gestion recèle de nombreux gisements d’économies et de possibilités de restructuration. La Cinquième République nous est chère, ou plutôt dispendieuse comme on dit en Nouvelle France