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Billet de blog 2 août 2011

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des socialistes 16 : primaires socialistes et guerre en Libye

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Primaires socialistes et guerre en Libye

01/08/2011 à 17h20 - mis à jour le 01/08/2011 à 18h31 | 2472 vues | 75 réactions

Assemblée nationale // Image d'illustration | MAXPPP

Chine, Russie, Inde, Brésil, Afrique du Sud et maintenant, en Europe, Italie s'opposent aux bombardements de l'OTAN en Libye (Lire l'article "L'Otan perd des forces en Libye" sur Le Point).

L'Union Africaine dont l'accord devrait être nécessaire pour poursuivre de telles actions y est également opposée. De jour en jour, il apparaît de façon plus claire que l'engagement français en Libye qui passe d'abord par ces bombardements excède le seul but de sauvegarde des populations civiles fixé par la résolution 1973, devient un soutien déterminé au camp antikhadafiste dans ce qui est bel et bien une guerre civile, cautionne des meurtres de civils, des assassinats ciblés de parents de Khadafi, enlève les chances d'aboutir à toute entreprise de négociation.

Face à cette réalité, le vote des socialistes le 12 juillet apportant leur soutien à Sarkozy et au prolongement de l'engagement guerrier de la France en Libye est très préoccupant pour ceux qui souhaitent, avec une alternance à gauche, une correction décisive de la politique atlantique et guerrière actuellement menée.

Cette préoccupation est d'autant plus grande que le vote des socialistes isole leur parti au sein de la gauche. Les communistes mais aussi les écologistes ont refusé le soutien à la prolongation de la guerre. Mélenchon au nom du Parti de Gauche s'y est déclaré opposé. Du côté de l'extrême gauche on a évidemment la même position.

Après ce qu'il faut bien appeler l'engagement guerrier du Parti Socialiste, les primaires qui s'ouvrent en son sein ne commencent pas sous de bons augures. La raison d'être de ces primaires est quand même de désigner un candidat qui puisse rassembler le plus largement à gauche et présenter une réelle alternative à la politique sarkoziste. Ce candidat qui aura alors toutes les chances d'accéder à l'Elysée en 2012 sera donc celui qui pourra "déterminer et conduire" la politique de la nation et qui sera le premier responsable de la politique étrangère comme le chef suprême des armées. Quel sera la signification d'un vote aux primaires si tous les candidats en lice -à côté de divergences plus ou moins marquées sur le souci de la rigueur économique ou de la justice sociale- alignent pratiquement tous leur position sur celle de Sarkozy en matière d'engagement guerrier ?

Or c'est bien apparemment ce qui se produit. Valls qui était déjà pour la guerre en Irak apparaît totalement déterminé pour soutenir l'engagement en Libye. Royal et Hollande ont déclaré tous deux leur soutien à la résolution du bureau socialiste qui annonçait la couleur du vote. Aubry, bien évidemment, la défend. Montebourg qui a accordé récemment à Jeune Afrique une interview où il estimait la plus "raisonnable" la position de l"Union Africaine" préconisant une "solution politique et négociée" s'est joint apparemment sans état d'âme au vote socialiste. Le radical Payet n'a pas signalé d'opposition non plus.

Au PS pourtant des voix bien divergentes se font entendre. Henri Emmanuelli, par exemple, clame haut et fort son refus de ce qu'il appelle une guerre d'ingérence (Lire l'article "Emmanuelli: « En Libye, nous faisons la guerre. Je suis contre! »" sur Marianne 2). Tout laisse à penser que le large corps électoral appelé à prendre part aux primaires, de sensibilité progressiste, alter-mondialiste et pacifiste, est en majorité contre une guerre qui n'a l'humanitaire que pour prétexte et qui s'inscrit tout à fait dans la lignée des guerres néocoloniales menées depuis 2001. Mais alors ces électeurs n'auront-ils d'autre choix que de voter pour un candidat belliqueux ou de s'abstenir ? En quoi ces primaires pourront-elles apporter un surcroit de démocratie si chacun sait qu'en matière de politique étrangère les candidats sont alignés pour l'essentiel sur une position qui n'est pas celle du reste de la gauche ni celle des pays non atlantistes ?

Les candidats ont le mois d'août pour réfléchir à leur position, à l'intérêt réel du pays, au coût d'une guerre qui se prolonge, au risque que la multiplication des tensions internationales exaspérées hélas autant par la politique d'Obama jusqu'aux frontières chinoises du Pakistan qu'elles l'avaient été par Bush en Irak font courir à la planète. Depuis la moitié du vingtième siècle les socialistes n'ont pas eu vis-à-vis de la guerre l'extrême réserve des Proudhon ou des Jaurès. Au moins pas tous...

L’auteur

clément dousset

inscrit depuis le 22/03/2009

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