Des socialistes 8 : Aubry ouvre la porte à Sarkozy

Article paru à la une de LePost le 15-10-2010, 18 commentaires

Aubry a été loin jeudi soir sur la 2. En proposant une "remise à plat" du projet de loi sur les retraites après une interruption des discussions au Sénat, en demandant des renégociations, elle s'est nettement opposée au porte-parole du PS Benoit Hamon, aux dirigeants du Front de Gauche, aux syndicats CGT, FO et FSU qui réclament le retrait pur et simple du projet.

En cette période de fronde, d'affrontement grandissant entre la jeunesse, les ouvriers, toute les forces vives du pays et un gouvernement aveugle et sourd, accroché à sa contre-réforme injuste, on comprend l'attitude responsable de la première présidentiable de l'opposition, sa volonté d'apaisement.

Il est indéniable d'ailleurs que Martine Aubry est apparue hier davantage à la hauteur de la fonction présidentielle que l'actuel président. Malgré quelques hésitations, la clarté pédagogue dominait son discours quand elle évoquait les projets de la gauche. Elle a su montrer sa volonté de rassembler et d'unir. Elle a su parler un langage d'espoir en rappelant tous les atouts dont la France dispose.

Reste que, face à Sarkozy et à l'UMP de plus en plus sectaire et bornée, sa proposition qui ne manque pas de panache reste un pari. Le projet responsable du PS en matière de retraite implique malgré tout des sacrifices significatifs pour une majorité de travailleurs.

Ce qu'il a de juste ne risque-t-il pas d'être faussé et dénaturé dans une renégociation avec le gouvernement de Sarkozy si jamais elle était acceptée ? La gauche pourrait-elle revenir dessus en 2012 si le projet est entériné après une renégociation générale ? Le PS ne risque-t-il pas de s'engager avec Aubry dans une voie permanente de compromis avec le pouvoir comme beaucoup à l'extrême gauche ne manqueront pas de le clamer ?

Dans l'immédiat, on ne peut que saluer la prise de hauteur d'Aubry et son initiative courageuse mais la vigilance s'impose plus que jamais.