Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
(billet paru sur LePost.fr le 3-4-10)
Lorsqu'en avril 2005, Joseph Ratzinger est élu pape, il est aisé de percevoir dans la presse française, même catholique, un malaise certain. Après le repliement doctrinaire qu'avait pu incarner Jean-Paul II, l'espoir avait frémi d'une relative ouverture. Et voilà qu'on élisait le plus conservateur des cardinaux, l'ancien préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi, l'héritier des grands inquisiteurs dont il semblait avoir la rigidité doctrinale sinon l'ardeur répressive et un des plus véhéments critiques de Vatican II à l'intérieur de la curie.
Cet ancien des jeunesses hitlériennes qui a levé l'excommunication de l'évêque négationniste Williamson s'est montré, dès le début de son pontificat, d'un conservatisme moral proche de l'extrême droite. En matière d'homosexualité, son action a été particulièrement retentissante. Non seulement il s'est opposé au mariage homo mais il a institué des procédures d'enquête inquisitoriales pour écarter de la prêtrise tout séminariste convaincu d'avoir des goûts homosexuels. En ajoutant à cela ses déclarations scandaleuses sur le préservatif "qui ne serait pas une bonne solution pour lutter contre le sida", on peut dire qu'il a largement préparé le terrain à la campagne hostile de ces derniers temps.
Eugen Dawermann, théologien allemand, le montre, Benoit XVI aurait sciemment pratiqué l'amalgame entre la pédophilie et l'homosexualité pour mieux stigmatiser cette dernière et la placer au rang d'une pratique "infâme". Mais, en mettant ainsi l'accent sur la condamnation de l'homosexualité, en heurtant ainsi de front sans ménagement et sans aucune charité des millions d'hommes ou de femmes, catholiques au moins de culture, il ne devait pas s'attendre à ce qu'on eût ensuite quelque indulgence en retour pour sa façon de couvrir les pratiques pédophiles. Or il apparaît qu'il est personnellement impliqué dans cette dissimulation de crimes.
Ceux qui parlent d'acharnement contre l'Eglise doivent d'abord interroger l'Eglise elle-même. Une institution censée incarner la charité ne peut pas défendre avec une rigueur implacable un ordre moral injuste qui prive, du seul fait de leur orientation sexuelle, des hommes et des femmes de l'épanouissement dans le couple auquel ils ont droit. Si elle le fait en plus en couvrant un tant soit peu des pratiques injustifiables , elle mérite bien, tout voile levé, ce qui lui arrive aujourd'hui.
Il va falloir que l'Eglise se réforme sérieusement. Elle ne pourra pas le faire avec ce pape sans charisme et sans charité. A d'autres sans doute de réagir.
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