
Publié par
clément dousset
post non vérifié par la rédaction
La fermeté tranquille d'Aubry
16/09/2011 à 17h04 - mis à jour le 16/09/2011 à 17h21 | 338 vues | 0 réactions
Eh bien il a donc eu lieu ce premier débat télévisé que je redoutais tant. Les primaires, une foire d'empoigne ? Désolé, il faudra attendre.

Certains, on le voit ici, on le voit ailleurs, s'en désolent déjà. Certains qui semblent n'aimer en politique que le clinquant des petites phrases, la virulence des réparties, les altercations même et pour qui une émission politique doit avoir l'intérêt d'un film d'action de série B.Les débats-déballages furent le fait d'anciens face-à-face. Que ceux de la primaire socialiste y ressemblent un tant soit peu, une dynamique naîtra vite. Celle d'une défaite irrémédiable.
Je ne veux pas faire la distribution des points. Le seul fait que j'hésite sur la notation en montrerait le dérisoire. J'avais envisagé un décalage flagrant de personnalités et, en tout cas, je ne l'ai pas vu. Six candidats conscients de l'enjeu, soucieux du respect des autres, sentant chacun l'attente formidable que peut-être une majorité de Français met déjà en l'un d'eux, voulant donner le meilleur d'eux mêmes et, autant que je puisse les connaître, y parvenant tous plutôt bien, voilà un spectacle d'un autre niveau que celui des petites bagarres.
Mais il faut trancher quand même. Baylet, sympathique, confraternel, profondément républicain, se présente déjà un peu hors course. Valls, plus brillant que je ne l'aurais cru, parle beaucoup des valeurs de gauche pour démontrer de façon un peu trop appuyée qu'il ne veut pas faire une jeune politique de centre droit.Montebourg, aux sentences superbes, idéologue d'une nouvelle et grande politique, apparaît cependant encore trop homme de phrases et pas assez artisan mur pour une vraie grande action. Royal, égale à elle-même, très reine du Charente-Poitou, et peut-être un peu trop pour prétendre présider la France. Hollande, un peu comme un grand acteur qui n'a pas tout à fait fini de construire son personnage, balançant entre la crispation et le sourire trop détendu, dont les effets apparaissent un peu préfabriqués comme les effets d'annonce.
Reste martine Aubry, celle qu'il y a encore deux mois était à la tête du parti qui porte ces primaires, celle qui, avec les régionales et les départementales, l'a déjà mené deux fois à la victoire, celle qui présente ici de la façon la plus simple et la plus convaincante la politique que les socialistes ont élaborée sous sa conduite. Martine Aubry qui sait dire nettement et fermement qu'une nouvelle politique de l'éducation ce n'est pas seulement de nouveaux postes de profs, que, si on trouve le nucléaire dangereux, il faut aller au bout de sa logique et tout faire pour en sortir, que la croissance sur laquelle mise la gauche ne naîtra pas de l'austérité que la droite réclame. Martine Aubry, simple, naturelle, claire, ferme, présidentiable. Un petit peu plus que les autres, certainement.
Reste pour moi une grosse lacune dans ce débat : la politique étrangère. Un mot d'Aubry convenable sur la Tunisie. Un mot de trop de Valls sur la Libye pour saluer le succès d'une guerre bien discutable et dont les séquelles sont à appréhender. 60.000 morts en Libye selon certaines sources du fait des bombes de l'OTAN : rien n'en a filtré dans ce débat. Rien sur l'Afghanistan dont nos soldats ne sont pas encore revenus. Rien sur notre soumission à l'OTAN revendiquée par Sarkozy. Rien sur la façon de mener une politique fermement pacifique dans un monde devenu plus périlleux que jamais.
J'ai déjà dit que la politique étrangère n'était pas invitée aux primaires socialistes. Et, si j'attends la parole de quelqu'un sur le sujet, c'est bien de celle qui est apparue hier soir la première à devoir demain en détenir les clefs. Martine Aubry, bien sûr.