19/05/2011 à 11h28 - mis à jour le 19/05/2011 à 11h30 | 6818 vues | 0 réactions
Si un salarié d'une institution est soupçonné d'une faute professionnelle, on voit la direction mener une enquête interne, éventuellement faire appel à la police si la faute est délictueuse, on ne voit pas débarquer dans la maison une entreprise privée multipliant les entretiens internes ou externes, contrôlant tout ce qui se dit, s'écrit sur le salarié suspect dans le seul but de le défendre, de sauvegarder sa carrière et sa réputation, de le maintenir enfin à son poste quel que soit ce qu'on peut lui reprocher.
C'est pourtant assez précisément ce qui s'est passé dans le cadre de l'affaire Piroska Nagy. Le 18 octobre 2008 le Wall Street Journal révèle que le directeur du FMI, salarié de l'institution, fait l'objet d'une enquête liée à ses relations intimes avec une employée, Piroska Nagy, qui l'accuse dans une lettre d'avoir abusé de sa position pour entrer en relation avec elle.
Le même jour, trois employés d'EuroRSCG décollent de Paris pour Washington. EuroRSCG est une société de communication qui a conseillé Sarkozy, qui conseille Fabius et Strauss-Kahn justement. Les trois employés sont Anne Hommel, ancienne attachée de presse de DSK et détachée par EuroRSCG auprès... du FMI, Ramsy Khiroun (l'homme à la Porsche), chargé de communication auprès de DSK et Gilles Finchelstein. Pendant que le trio logé chez le couple DSK-Sinclair conseillait le directeur du FMI, arrangeait des rencontres, faisait relayer vers la presse française des argumentaires destinés à présenter une version anodine de l'affaire, Stéphane Fouks, le co-président d'EuroRSCG et lui aussi ami dévoué de DSK, faisait jouer à Paris son puissant carnet d'adresses pour empêcher que "l'incident Nagy" ne devienne un vrai scandale. Les propos très compréhensifs qu'Anne Sinclair écrivait dans son blog, les excuses publiques de DSK à son épouse ainsi que celles qu'il a adressées au personnel du FMI pour avoir commis une erreur de jugement, tout cela semble bel et bien le fruit d'une coopération stratégique du couple avec EuroRSCG.
Finalement DSK qui aurait dû sans doute dans une pratique d'enquête plus normale être démis de ses fonctions pour harcèlement sexuel se verra disculpé par l'enquête du FMI. Cependant celle-ci souligne que le directeur a commis des "actes regrettables qui reflètent une grave erreur de jugement".
Or cet homme dont la "grave erreur de jugement" est ainsi mondialement dénoncée continuera d'être encensé par les journaux français en particulier ceux du groupe Lagardère dont Ramzy Khiroun est l'adjoint. Les communicants d'EuroRSCG continueront à mettre sur pied au travers d'articles, de reportages, d'émissions télé, d'informations savamment distillées, de mises en relief des sondages une véritable pré-campagne destinée à fabriquer le seul vainqueur plausible de Sarkozy (Sarkozy auquel l'agence est pourtant liée par l'intermédiaire de Khiroun et de Lagardère....)
Qu'une agence de communication fasse le travail pour lequel elle est rétribuée, c'est normal. La question c'est quand même de savoir qui la paye... et grassement (la Porshe de Khiroun en témoigne ! ), jusqu'où elle est allée dans son travail (on parle d'intimidations à propos des façons d'agir du même Khiroun), et surtout de quelle façon elle sert à atténuer, cacher ou travestir la vérité. Le problème est aussi de savoir comment des militants politiques de gauche qu'on peut considérer comme désintéressés (Jean-Christophe Cambadélis, Christophe Borgel, François Kalfon et Jean-Marie Le Guen) se trouvent auprès de DSK dans le même cercle que ces "communicants professionnels", employés d'EuroRSCG... "Ca ne lui ressemble pas" clament à l'unisson les lieutenants de DSK à propos de la dernière et dramatique affaire. Le Canard d'hier s'en amuse dans un articulet en parlant d'une formule soufflée par EuroRSCG. Cela me fait rire jaune.
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