billet publié le 3-05-2010 dans LePost.fr
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Sans doute –comme le laisse entendre la rédaction du Post- la revendication du projet d’attentat de New York par un groupe de talibans pakistanais qui accomplirait ainsi une vengeance doit-elle être considérée avec suspicion.
Mais, si le projet de vengeance est douteux, le motif est réel et il est grave. Depuis août 2008, plus de 90 attaques de drones tirant des missiles ont eu lieu dans le Waziristan, en territoire Pakistanais. Ces attaques ont tué plus de 830 personnes. Si les morts seraient en majorité des insurgés islamistes, les civils, selon les militaires pakistanais eux-mêmes, n’ont pas été épargnés. Et, parmi eux on peut le supposer, des femmes et des enfants. .

Ces assassinats de masse accomplis par des avions sans pilote, les drones, indétectables par des radars et qui lancent des missiles puissants apparaissent bien comme une forme de terrorisme particulièrement monstrueuse et, quoiqu’affirme la CIA, en grande partie aveugle.
Sans doute n’est-il pas contestable qu’il existe au Waziristan des insurgés qui s’entraînent pour rejoindre des combattants afghans contre l’armée des USA et de l’OTAN et aussi des insurgés réfugiés d’Afghanistan. Mais ces insurgés ne sont pas sur le front du combat. Ils sont dans un pays auquel les Etats-Unis n’ont pas déclaré la guerre. Ils vivent souvent auprès de leurs femmes et de leurs enfants.
Les medias européens font mention de temps en temps de ces attaques mais comme s’il s’agissait d’une activité routinière sur laquelle ils ne s’attardent jamais. Très rares sont les hommes politiques, les intellectuels, voire les responsables religieux qui s’en émeuvent. Dans le Moyen-Orient, en Afghanistan, dans le Pakistan surtout, il n’en va pas de même. Ces attaques sont ressenties pour ce qu’elles sont, dans leur monstruosité. L’hostilité de l’opinion publique contre l’Occident est ainsi entretenue et attisée sans cesse par ces assassinats collectifs, jamais punis, jamais vengés.
Il va sans dire que , si les dégâts sont considérables chez les insurgés, leur détermination, leur ardeur au combat, leur motivation à amplifier la lutte par les moyens les plus extrêmes ne cesse aussi de croître. Que le projet d’attentat à New York soit ou non la marque de ce ressentiment exaspéré, il est à craindre qu’il se manifeste de toute manière.
