Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Billet publié dans Lepost.fr
28/06/2011 à 19h16 - mis à jour le 28/06/2011 à 19h44 | 1024 vues | 12 réactions
Martine Aubry, première secrétaire du PS, ne pouvait pas se déclarer plus tôt. Elle ne pouvait pas le faire avant la date d'ouverture, fixée par le parti, du processus des primaires. Le moins qu'on puisse dire est que, la date venue, elle n'a pas perdu de temps, elle s'est déclaré de manière forte et ceux qui doutaient encore de la détermination de cette femme en sont pour leurs frais. Mais la période qui s'ouvre, pour le parti socialiste, pour les chances d'une victoire à gauche, va être rude et périlleuse.
Certains socialistes ont déjà trouvé à redire sur le ton d'Aubry, sur la façon dont elle semblait éclipser les primaires. Il y a longtemps j'avais rejeté l'idée de primaires de confirmation (surtout si elles devaient découler d'un arrangement douteux) mais c'était à condition que les primaires aient lieu plus tôt. Maintenant il n'y a plus de choix si on veut espérer la victoire à gauche : il faut que s'entretienne et se renforce la dynamique Aubry. Elle seule me paraît propre à parer aux dangers qui se profilent dans les quatre mois à venir.
Pendant ces quatre mois le parti socialiste va être mis comme en veilleuse. Une direction sans doute collégiale, un porte-parolat dont on veut déjà priver Hamon et qui risque de devenir mal audible. Cinq ou six candidats qu'on voudra toujours traiter à égalité, dont les voix à tout moment risquent de se contredire. Dès qu'une forte riposte à la politique gouvernementale s'imposera, qui sera là pour lui donner sa marque personnelle et son poids nécessaire ?
A cette faiblesse d'ensemble du parti socialiste s'ajoutera le risque permanent de voir s'afficher, se multiplier et se creuser les divisions. La droite sera bien entendu à l'affût avec toute sa malice et les médias n'aiment rien tant qu'attiser les querelles.
Si, par exemple, on sent un flottement de l'opinion entre Aubry et Hollande, si Royal qui en semblait écartée veut s'acharner avec ses méthodes parfois déroutantes à mener la course en tête, on ira droit à l'échec. Un vainqueur trop juste aux primaires perdra peut-être la présidentielle dès le premier tour.
La dynamique d'Aubry n'est pas seulement nécessaire pour le PS, elle est nécessaire pour toute la gauche. Les écologistes, le front de gauche mené par Mélenchon, voire même le NPA constitueront des pôles d'attraction renforcés pour tous ceux que les divisions affichées du PS révulseront. Même si un vainqueur d'une courte tête aux primaires refaisait vraiment l'unité des socialistes derrière lui, il ne pourrait au premier tour emporter des voix de sympathisants qui iront ailleurs à gauche si elles restent du même bord.
Hollande est un candidat sérieux certes. Il a fait jusqu'alors une bonne campagne. Mais sans expérience gouvernementale, sans victoire électorale d'importance, sans action marquée révélant une vraie trempe pendant qu'il était premier secrétaire, sans convictions de gauche assez appuyées pour rassembler justement toute la gauche derrière lui, il n'a pas de chance aujourd'hui d'être le vainqueur de la présidentielle. Qui peut prétendre que Royal en ait davantage avec le retard qu'elle semble bien avoir pris ?
Non, il n'y a qu'Aubry, maire de Lille, chef de bataille pour la victoire des régionales et plus récemment des cantonales, Aubry au premier rang parmi les socialistes dans la lutte contre la réforme des retraites, Aubry qui a su faire que le PS ait un vrai programme présidentiel d'alternance et de rupture, il n'y a qu'Aubry qui puisse incarner solidement les chances de la gauche. Il faut que de plus en plus de socialistes le disent aujourd'hui pour ne pas laisser se gaspiller demain les chances que l'encore première secrétaire représente.
Et si les primaires ne sont que de confirmation, ça ne sera pas grave. Ce n'est pas, de toute façon, ce que l'Histoire retiendra!
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.