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Billet de blog 25 février 2024

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Pourquoi les Etats-Unis et l'Occident soutiennent-ils Israël ?

En décembre, au Conseil de Sécurité de l'ONU, alors que les bombardements israéliens à Gaza avaient déjà fait plus de 20 000 morts, les Etats-Unis s'opposaient encore à une résolution demandant un cessez-le-feu. Comment expliquer le soutien inébranlable des Etats-Unis et de l'Occident envers Israël ? 

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 Ce texte est le script de la dernière vidéo de Climat Social, disponible en fin d'article.

Introduction

C’était en décembre dernier au Conseil de Sécurité de l’ONU. Alors que les bombardements israéliens à Gaza avaient déjà fait plus de 20 000 morts, pour la cinquième fois, les Etats-Unis s’opposaient à une résolution demandant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza

De son côté, si la France a finalement voté pour cette résolution, elle s’est d’abord pendant longtemps elle-même abstenue voire opposée à certaines résolutions allant dans le même sens, tout comme le Royaume-Unis, lui aussi membre du Conseil de Sécurité. 

Devant les blocages évident du Conseil depuis plusieurs mois, l’Assemblée Générale de l’ONU s’est saisie de la résolution présentée le 12 décembre et bloquée par le véto des Etats-Unis au sein du Conseil. Son verdict est clair : 153 pays ont voté pour, 23 se sont abstenu et 10 ont voté contre.

En regardant la carte une réalité saute rapidement aux yeux : alors que le monde est bleu, une bonne partie de l’Europe, dont l’Allemagne, l’Italie ou les Pays-Bas, se sont abstenus et les Etats-Unis figure, quasiment seul, en rouge. 

Illustration 1

Comment expliquer ce blocage et ce soutien si particulier de l’occident et des Etats-Unis envers Israël ? 

1- La France et le Royaume-Unis, alliés originels d'Israël avant le retournement des Etats-Unis

Cela peut surprendre, mais les Etats-Unis n’ont pas toujours été un allié inconditionnel d’Israël. Certes, ils ont reconnu l’Etat d’Israël en 1948 alors que ce dernier est en plein dans une guerre coloniale, une épuration ethnique que l’on appellera plus tard la Nakba et qui verra près de 750 000 palestiniens sur les 900 000 vivant en Palestine être chassés de leurs territoires par les forces israéliennes. De même, il est vrai que les Etats-Unis ont aussi largement œuvré à l’adoption de la fameuse Résolution 181 des Nations-Unis en 1947 proposant un plan de partage de la Palestine. 

Mais dans les années 40 et 50 et jusque dans les années 60, les principaux alliés des Israéliens ne sont pas encore les Etats-Unis, mais la France et la Grande-Bretagne, dont leur soutien envers les mouvements sionistes remonte à loin. Dès la première guerre mondiale, les deux pays vont devenir les principaux alliés du mouvement sionistes. Lorsqu’en 1916, le ministre britannique des affaires étrangères, Edward Grey, évoqua publiquement son soutien au mouvement sioniste, c’est à la France et à la Russie qu’il enverra sa proposition. Alors en guerre contre l’empire Ottoman, les deux pays discuteront de sa dissolution après la guerre à la conférence de San Remo en 1920 afin de coloniser les riches territoires du Proche Orient : la Syrie et le Liban tombent sous le joug français, tandis que l’Irak, la Jordanie et la Palestine deviennent des territoires sous mandat britannique. 

Illustration 2

Après la seconde guerre mondiale, c’est la France qui se placera comme un allié important d'Israël et lui permettra d'acquérir la bombe atomique grâce à des programmes secrets, au grand dam des États-Unis qui vont au contraire plutôt essayer d'empêcher Israël d'acquérir la bombe

L’alliance d’Israël avec la France et le Royaume-Unis atteindra son paroxysme lors de l’opération franco-britannique pour reprendre le Canal de Suez à la suite de sa nationalisation par l'Égypte le 26 juillet 1956. Cet épisode connu comme la Crise du Canal de Suez n’est pas qu’une illustration de l’alliance entre les trois pays, elle est aussi un signe évident du déclin de l’impérialisme français et britannique pour laisser place à un monde divisé en deux nouvelles puissances, puisque ce sont les Etats-Unis et l’Union Soviétique qui vont couper court aux ambitions d'Israël et des européens en stoppant l’opération, et en obligeant Israël à se retirer du Sinaï. Aucune de ces deux nouvelles superpuissances ne s’intéressent encore à Israël. Mais une série d'événements majeurs va néanmoins complètement retourner la situation. 

Le premier sera l'indépendance de l'Algérie en 1962. La France va changer sa stratégie envers les pays du monde arabe et tenter de se racheter une conscience en se rapprochant d'eux, tandis qu'elle concentrera désormais ses actions impérialistes et d'influence directe en Afrique dans la consolidation de ce qu'on appellera la Françafrique. 

Le second événement majeur ce sera la guerre des six jours en 1967. Absorbée par sa nouvelle stratégie néocoloniale, la France lâche complètement son ancien allié et impose un embargo sur la livraison d’armes à celui qui a pourtant été durant plusieurs années son principal client. Outre-Atlantique, la victoire d’Israël lors de cette guerre, ironiquement grâce à l’armement français livré durant les années antérieures, modifiera en profondeur la stratégie des Etats-Unis qui vont dès lors commencer à percevoir le pays comme un allié majeur dans la lutte contre l’Union Soviétique, dont l’influence ne cesse de croître en parallèle dans tous les pays arabes de la région. C’est à ce moment-là, que les Etats-Unis se rapprochent officiellement d’Israël. 

Enfin, le troisième et dernier événement majeur est la révolution iranienne de 1979 qui aboutira au renversement du Shah d’Iran, lequel est à la tête d’un gouvernement fantoche soumis aux Etats-Unis à la suite de l’opération Ajax en 1953. Dans son ambition de mieux contrôler la région stratégique du golfe persique pour ses ressources en pétrole, les États-Unis s'appuient après la seconde guerre mondiale, sur deux états alliés principaux à l'est et à l'ouest : l'Arabie saoudite d'un côté et l'Iran de l'autre. Or la chute du Shah d’Iran fait tomber l’un des deux piliers de la stratégie impérialiste américaine, qui doit désormais trouver un nouvel allié pour le contrôle d’une région qui produit encore aujourd’hui une grande part du pétrole mondial et qui constitue une route commerciale maritime de premier plan. A ce jour, 10% du trafic maritime mondial lié au pétrole passe par le détroit de Bab El Manded et 30% par le Détroit d’Ormuz, soit près de 5 et 17 millions de barils par jour. De même la Mer Rouge et le Canal de Suez concentrent à eux seuls près de 12% du commerce maritime mondial.

Illustration 3

Toutes ces données montrent l’importance cruciale d’un contrôle de la région pour la première puissance économique mondiale, et c’est pourquoi, Joe Biden lui-même, lorsqu’il était encore sénateur en 1986 a déclaré que « S’il n’y avait pas d’Etat d’Israël, les Etats-Unis devraient en inventer un afin de protéger ses intérêts dans la région » déclaration qu’il a réitéré il y a à peu près un an, alors qu’il est désormais président. 

2 - Les raisons du soutien actuel : le poids des lobby, l'électorat et la situation géopolitique actuelle

Depuis cette période, les États-Unis n’ont plus jamais cessé de soutenir Israël et ont massivement renforcé leur soutien économique, militaire et industriel à hauteur de près de 158 milliards de dollars depuis la seconde guerre mondiale. Ce soutien s’est encore intensifié a l’heure de la guerre contre le terrorisme déclenchée par l’administration Bush après le 11 septembre 2001, et maintenant que la Chine s’impose à l’échelle du globe et cherche à renforcer son influence dans la région. 

Bien sûr, la relation entre les deux pays n’a pas toujours été évidente et certaines administrations, comme celle de Clinton ou d’Obama, ont pu entretenir des rapports tendus avec les autorités israéliennes. Ce fut le cas notamment entre Obama et Netanyahu, raison pour laquelle les Etats-Unis soutiendront pour la première fois de leur histoire en 2016 une résolution à l’ONU demandant l’arrêt de la colonisation en Cisjordanie

Pour autant, jamais le soutien des Etats-Unis à Israël ne faiblira vraiment, et ce malgré les coûts diplomatique, économique et stratégique de ce soutien dans les relations entre les Etats-Unis et les autres pays arabes de la région. Cela s'explique par d’autres facteurs internes qu’il faut aussi prendre en compte : l’électorat d’abord et le poids de l’AIPAC ensuite. 

Car si le soutien des Etats-Unis est d’abord le fruit d’un choix géopolitique, il est aussi très largement dû à des facteurs bassement électoraux en interne, puisqu’encore à l’heure actuelle, et pour des franges importantes de l’électorat américain, le soutien à Israël revêt une importance significative. De fait, l’institut Statistique Gallup montre de façon consistante depuis 1988 qu’une part importante de l’électorat américain soutient bien plus Israël que les palestiniens

Illustration 4

Si on zoom, on peut voir que ce soutien est particulièrement important chez la population blanche protestante évangéliste, une frange majeur de l’électorat Républicain, qui se montre d’ailleurs plus en faveur d’Israël que la population juive américaine elle-même. Selon le Pew Research Center, alors que 54% des juifs américains pensent que le soutien américain à Israël est suffisant, ils ne sont que 31% du côté des populations blanches évangélistes qui sont 46% à penser que le soutien à Israël ne va d’ailleurs pas assez loin

Illustration 5

L'importance de l’électorat blanc évangéliste pour le parti Républicain explique donc en grande partie pourquoi les conservateurs américains se montrent particulièrement zélés lorsqu’il s’agit d’afficher leur soutien à Israël. 

Mais les populations juives américaines ne sont pas toutes critiques envers le soutien des Etats-Unis à Israël pour autant. Si les jeunes de moins de 35 ans se montrent assez réticents à soutenir Israël, comme ont pu le montrer les mobilisations récentes de Jewish Voice for Peace, ce n’est pas le cas des populations plus âgées pour qui les relations entre les Etats-Unis et Israël ont encore une certaine importance, et que l’on trouve majoritairement en Floride et en Pennsylvanie, deux « swing states » qui ont déjà fait basculer des élections. C'est par exemple le manque de soutien de cet électorat clé qui coûtera l'élection de Bush en faveur de Clinton en 1992.

Les intérêts de cette population sont représentés par l’AIPAC, l’American Israel Public Affairs Committee, une organisation d’influence œuvrant pour la défense des intérêts d'Israël relativement puissante à Washington. Le lobbying de l’AIPAC n’est certes pas toujours efficace. Sous l’administration Obama, en 2014 par exemple, l’AIPAC se mobilise sans succès pour renforcer les sanctions contre le programme de nucléaire civile iranien. In fine ses capacités d’influence dépendent donc aussi de l’administration en place. Mais l’AIPAC reste tout de même une organisation importante, qui compte pas moins d’1,5 millions de membres en 2021, et qui garde ses entrées dans le milieu politique américain. En 2016, Donald Trump, mais aussi Hillary Clinton, Ted Cruz et John Kaisich, tous et toutes candidats à la présidence, se rendent au Congrès de l’AIPAC pour y exprimer leur soutien à Israël et rassurer ainsi une part importante de leurs électeurs. 

Conclusion : un soutien qui isole néanmoins tout l'occident du reste du monde

Le soutien inconditionnel envers Israël est donc enraciné dans les stratégies géopolitiques des Etats occidentaux depuis de très nombreuses années. Mais depuis le début de la reprise du conflit à Gaza, de plus en plus de pays dans le monde remarquent le double standard de l’occident qui, alors qu’il avait durement condamné l’agression de l’Ukraine par la Russie, se montre incapable de condamner les crimes de génocide en cours à Gaza. En conséquence, le soutien des occidentaux au gouvernement Netanyahu est en train de complètement isoler l’occident dans la scène internationale et l’initiative de l’Afrique du Sud marque peut-être le début d’un retournement de l’ordre géopolitique. 

Netanyahu sera-t-il le tombeau de l'impérialisme occidental ? Le soutien inconditionnel des Etats-Unis à Israël pour le maintien de leurs intérêts géostratégiques dans la région est-il paradoxalement en train de jouer en leur défaveur ? 

Ce qui est certain c'est que le 21ème siècle est marqué par un affaiblissement progressif des Etats-Unis sur la scène internationale où de plus en plus de pays cherchent à s’imposer : outre la concurrence de la Chine, de nombreuses régions tentent de se retourner contre l'hégémonie occidentale, que l'on parle de ce qu'il se passe actuellement au Sahel contre la Françafrique mais aussi des contre réunions anti-G7 des BRICS dont le poids économique devient plus en plus important

Illustration 6

Ce que nous apprend peut-être l'histoire du soutien de l’occident à Israël, c'est que le monde est peut-être en train de changer. 

En conséquence, pour ne pas se retrouver isolée sur la scène internationale, la France ferait peut-être mieux de s'indépendantiser des Etats-Unis, de travailler sur sa propre stratégie en matière géopolitique, voire, comme cela a été proposée par certaines forces politiques, de construire une diplomatie non-alignée qui lui permettrait de cesser de cautionner les massacres en cours, de maintenir un dialogue avec d'autres pays et d’avoir enfin une position juste dans les conflits qui ravagent le monde, qu'ils soient dus à l'impérialisme américain, à la colonisation ou à l'inverse à l'impérialisme chinois ou russe. C’est la défense des droits humains, du multilatéralisme et du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes qui doivent constituer notre boussole diplomatique et non les intérêts géostratégiques et impérialistes des américains, lesquels tenteront de maintenir leur hégémonie envers et contre tout, quitte à peut-être risquer la guerre.

Texte de Emile João et Matthieu Ponchel


La vidéo réalisée à partir de ce script et disponible sur la chaine Youtube de Climat Social :

La vidéo de Climat Social réalisée à partir du script plus haut : Pourquoi les Etats-Unis soutiennent Israël ? © Climat Social

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Sources :

https://press.un.org/fr/2023/cs15519.doc.htm#:~:text=8%20d%C3%A9cembre%202023-,Conseil%20de%20s%C3%A9curit%C3%A9%3A%20le%20projet%20de%20r%C3%A9solution%20exigeant%20un%20cessez,'abstention%20du%20Royaume%2DUni.

https://www.lexpress.fr/monde/lassemblee-generale-de-lonu-reclame-un-cessez-le-feu-humanitaire-a-gaza-MZ3NBGVH6NAPTDLWPUWOFVWWMY/

https://legrandcontinent.eu/fr/2023/12/13/carte-exclusive-la-position-en-faveur-dun-cessez-le-feu-dans-la-bande-de-gaza-progresse-a-lassemblee-generale-de-lonu/

https://fr.timesofisrael.com/mexico-et-santiago-saisissent-la-cpi-pour-examiner-deventuels-crimes-par-israel-et-le-hamas/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Exode_palestinien_de_1948

https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_de_partage_de_la_Palestine

https://www.lemonde.fr/blog/filiu/2020/04/26/il-y-a-cent-ans-la-france-et-la-grande-bretagne-se-partageaient-le-moyen-orient/

https://www.counterfire.org/article/france-israel-relations-a-tale-of-intimacy-with-no-end-in-sight/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_du_canal_de_Suez

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https://orientxxi.info/magazine/israeli-networks-of-influence-in-brussels-behind-the-scenes,2886

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https://www.pewresearch.org/short-reads/2014/02/27/strong-support-for-israel-in-u-s-cuts-across-religious-lines/

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Images de mobilisation Jewish For Peace : https://www.youtube.com/watch?v=cW9e5u0Tq_g
Archive des déclarations de Joe Biden : https://www.youtube.com/watch?v=2HZs-v0PR44 

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