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Comment ne pas voir un moment d’une portée historique se mettre en place à travers l’affaire Michel Zeckler ?
Rappelons le contexte. Un producteur noir, Michel Zecler, se fait interpeller par la police. L’interpellation se déroule plus que mal : en tabassage en règle pour le producteur.
Les policiers avaient indiqué dans leur déposition une autre toute version des faits et l’histoire aurait pu se terminer mal pour l’interpellé : c’est-à-dire en prison.
Une chance pour ce dernier, le lynchage s’est déroulé chez lui où le hall était filmé. Bien lui en a pris car la vidéo de surveillance lui a permis d’annuler les charges intentées contre lui par ces agresseurs. Et de retourner la charge contre les policiers. Au moment où sont écrites ces lignes, sur les quatre auteurs, tous sont mis en examen et deux sont écroués.
Voilà pour le contexte.
De noter et c’est le point supplétif de notre article : en parallèle se jouait à l’assemblée le vote d’une loi qui, précisément, avait pour objet de restreindre le droit de filmer des policiers dans l’exercice de leurs fonctions.
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Le 1er pan de notre « histoire » est la manifestation qui a suivi. Plus de 100 00 selon la préfecture. Et plus de 500 000 selon les organisateurs. Nous sommes cependant encore loin du mouvement des « Black Lives Matter » qui a pris naissance suite à une bavure policière de nature raciste.
Précisions : cette bavure policière n’est pas la seule cause de cette manifestation. La dénonciation d’une longue série de mesures jugées comme liberticides par une partie de population vient aussi s’ajouter aux motifs de revendications des manifestants.
Nous arrivons à notre sujet. Voilà qu’elle est connue depuis bien un moment mais voilà qu’elle revêt un aspect très particulier en France et c’est la vidéo. C’est l’aspect fascinant de cette histoire. Jusqu’à présent, la vidéo était réservée aux productions. Et puis sa démocratisation lente mais forte est arrivée via les téléphones mobiles.
Mais les seuls smartphones n’auraient pas suffi. Il a fallu compter sur les réseaux sociaux et leur puissance de diffusion. Aujourd’hui n’importe qui muni d’un smartphone peut avoir droit à son passage au JT.
L’internet 2.0 avait déjà opéré ce rapport. Celui de cette base qui voulait émerger. Un média comme Youtube est une des meilleures confirmations de cette appropriation de cette vidéo par tout un chacun.
Le 5ème pouvoir
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Mais l’aspect nouveau : c’est cette vidéo qui montre et qui protège. Auparavant source d’exhibitionnisme, la vidéo sert aujourd’hui à dénoncer. Cette chose qui lançait des notifications est devenue lanceur d’alerte.
Curieux moment où la faillite des institutions est compensée par la technologie. La population lors de manifestations, à défaut de boucliers, se doit d’activer la fonction enregistrement pour assurer sa protection face au CRS peu soucieux de l’intégrité physique du manifestant.
Il y a là comme un cinquième pouvoir qui prend naissance. Nous avions pour les trois premiers l’état (exécutif, législatif et judiciaire) et le 4ème par la presse.
Et maintenant ce dernier : l’action citoyenne. Celle-ci étant animée par un dysfonctionnement des 4 premiers. Car quand la presse ne dénonce plus les travers de l’état, que reste t-il ? J’aurais eu à cœur de vous indiquer les associations. Elles n’en déméritent pas, loin de là. Mais la séquence animée de quelques minutes a réussi en quelques jours de ce qu’un certain nombre d’associations (et de chercheurs) a tenté en vain de dénoncer depuis des années : les violences policières.
En mai 68, un des slogans brandis était : « il est interdire d’interdire ». Voici, en écho à notre époque, quelques suggestions : « enregistre ou ça va être sinistre », « filmons pour ne pas finir en prison ».
Michaël Capgras - CEO du réseau d'affaires You Work Here
Mon blog professionnel : Savoir réseauter
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