- Est-ce que ça va ?
- Ouais, merci.
Par cet échange aussi classique que banal, je viens de résumer l’état de la démocratie française.
Généralement quand la question nous est posée, nous répondons machinalement par la positive. Nous indiquons rarement la vérité. S’il y a des petits problèmes, on les laisse sous le tapis.
Il serait intéressant qu’un jour tout le monde donne une réponse franche. Cela pourrait donner un : « maintenant que tu me poses la question, je me suis disputé avec ma moitié et bof bof là tout de suite » ou encore « Bien mais là je dois t’avouer que les impôts me sont tombés dessus et ça fait mal ». Ou plutôt que d'attendre une réponse sincère et complète que chacun d’entre nous insiste pour connaître le fond de l’histoire. Mais personne ne le fait.
Je crois qu’il en est de même pour notre démocratie. C’est-à-dire que beaucoup pensent qu’il s’agit de considérer le régime d’un pays aussi simplement qu’une feuille de papier. Recto c’est démocratie. Verso c’est dictature. Or comme pour l’état d’une personne, il y a des variations. Des nuances. Il faudrait presque voir comme un curseur qui irait de « démocratie rayonnante enrichie en contre-pouvoirs » -bio les contre-pouvoirs tant qu’à faire-. Au milieu de notre compteur, nous aurions régime à tendances autoritaires, toujours avec des nuances en allant vers notre rayonnante démocratie mais d’autres également en allant vers une dictature.
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Donc plutôt de se demander si nous sommes ou pas en démocratie, oui nous y sommes, il faudrait plutôt se questionner sur l'état dans laquelle elle se trouve. Nous pourrions ainsi nous interroger sur l’état des voyants. Il ne serait pas compliqué de les définir : tel un développeur d’applications, on pourrait imaginer que notre algorithme s’appuie sur quelques-uns des points suivants : pluralité de la presse et nature de son financement, type et intensité des critiques portées par les associations nationales spécialisées dans la défense de nos droits, état de la justice, nombre et nature des manifestations, etc.
Si un tel outil existait, nous pourrions alors aborder avec plus de profondeur la vitalité de notre démocratie. Et pas juste prendre le seul prisme de la tenue d’une élection tous les 5 ans pour juger de cette question.
Le risque étant le suivant : être victime d’une lente détérioration de notre système sans que l’on y prenne garde. À la manière de cette grenouille que l’on veut voir ébouillantée. Je rappelle l’ignoble expérience : plutôt que de plonger l’animal dans de l’eau chaude, la glisser dans de l’eau froide que l’on chauffe progressivement. La pauvre bête, alors habituée à la température, finit ébouillantée.
Ne soyons pas comme ceux qui se disent "ah si j'avais su" au moment de signer les papiers du divorce. En démocratie comme en amour, l'expérience nous montre que l'acquisition coûte davantage que la fidélisation.
Petit rappel factuel :
- Loi sur le renseignement votée permettant une surveillance "accrue" des français (2015).
- Loi "secret des affaires" limitant de droit de la presse.
- Loi anti-casseurs limitant ou encadrant très fortement le droit de manifester. Et aussi.
- Vote permettant l'intégration des mesures de l'état d'urgence dans le droit commun. Et aussi : analyse juridique du texte.
- Loi élargissant les possibilités de fichage. Seront notamment fiché les "opinions politiques" et les "convictions philosophiques et religieuses" (2021).
N'est pas passé ou mis en stand-by:
- Projet de "passeport sanitaire" (2021).
- Loi Avia dont les dispositions prévoyaient, entre autres, d'obliger les réseaux à supprimer dans les 24h les contenus haineux.
Michaël Capgras - CEO du réseau d'affaires You Work Here
Mon blog professionnel : Savoir réseauter
Mon compte Twitter : CMichael_fr