L’utopie n’est, d’un côté, pas aussi folle qu’on voudrait le croire mais porte également en elle les germes de son annihilation. Elle pourrait être analysée comme les deux faces d’une pièce.
Face, l’utopie doit partir d’une base concrète pour faire rêver. Une analyse minimum de l’existant doit être faite avant de « décoller ». Sans comprendre les vicissitudes et les inconvénients du réel dans un 1er temps, point d’imaginaire.
Pile. L’utopie est un objectif inatteignable parce que sa construction part d’une transfiguration du réel. Comme un fantasme, il ne peut être.
Mais sa conscientisation est un formidable enjeu. La mise en perspective d’abord de son état et ensuite de celui à atteindre permet de générer une frustration. C’est ce "manque"qui va pouvoir selon les individus permettre la réflexion, parfois suivie de l’action, à la réalisation de ce qui paraît impossible.
Il faut comparer le porteur de l’utopie comme ce soldat qui se lance le premier sur le front. Son énergie, son entrain, qui lui seront très probablement fatal ne servira que ceux, à un niveau moindre, qui partagent une vision commune de l’utopiste sans en épouser toutes les extrémités et radicalités, se trouvent, de fait, dans une position (plus) confortable. La radicalité pour inspirer et entraîner.
Dans la vie réelle, l’utopiste devient alors un outil politique. « L’extrême » légitimant le « modéré ». C’est là une vieille tactique de négociation. Demander beaucoup pour en avoir un minimum. Et nous en revenons au début de notre démonstration. L’utopie n’est pas le réel mais elle le sert.
Michaël Capgras - CEO du réseau d'affaires You Work Here
Mon blog professionnel : le réseau d'affaires pour les indépendants et entrepreneurs